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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 23:50

 

diable (3)

Le 29 juillet 2009, un cheval mourrait sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, enfoncé jusqu'à l'encolure dans une vasière, près d'une rivière recouverte d'algues vertes en décomposition. Cet accident avait fait grand bruit dans les media, les algues vertes accusées et les agriculteurs bretons une fois de plus stigmatisés, pour ne pas dire  diabolisés et désignés à la vindicte populaire.






Place des Lices

Trois ans plus tard, jour pour jour, le 29 juin 2012, le tribunal administratif de Rennes a débouté le propriétaire du cheval de sa demande d’indemnisation par l’État, demande introduite au motif de l’inaction de ce dernier dans la lutte contre les algues vertes.



Le tribunal a estimé que le cavalier n'aurait pas dû se trouver avec son cheval dans un secteur interdit d'accès aux chevaux par arrêté municipal dûment affiché.


algues vertes Saint-Michel-en-Grève, la plage (8)Concernant les algues vertes, le tribunal a jugé que le gaz qui a causé la mort du cheval n'a pas été identifié et qu’il ne résulte d'aucune des pièces versées au dossier que « l'endroit de la chute du cheval, qui est une vasière, comportait des algues vertes en décomposition en quantité et en état de putréfaction suffisants pour provoquer à elles seules l'intoxication mortelle du cheval ».



algues vertes Saint-Michel-en-Grève, la plage (4)

Par ailleurs « le tribunal ne peut que constater que le décès rapide du cheval est dû, en premier lieu, à sa chute et à son immobilisation dans un trou de vase » et affirme qu'aucune preuve du lien entre les algues vertes et la mort du cheval n'a été apportée.



Pour sa part, le rapporteur public avait estimé que c'est la vase produisant le gaz toxique émanant couramment des vasières, le sulfure d'hydrogène (H2S), qui avait provoqué la mort du cheval.


France Agricole
Ces informations ont été relayées par la presse régionale et professionnelle.


 

mediaSi l’un de mes lecteurs les a lues dans la presse nationale ou les a entendues sur une radio ou télé d’une grande chaîne, qu’il me le signale, je lui offre le champagne.


Pour en savoir plus

La France Agricole

 Réussir Porcs

 Lire aussi

Nitrates


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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 21:38


Une excellente synthèse des connaissances actuelles sur le phénomène des marées vertes en Bretagne est disponible sur le site de l’Institut scientifique et technique de l’environnement.

Le présent article en est un résumé.

lagune venise 3
La prolifération des algues vertes (ulves) est un phénomène répandu dans de nombreuses régions du monde : Chine, Cuba, Espagne, fjords de Norvège, Pays-Bas, Danemark, lagunes de Venise et de Tunis, Sénégal…



Carrelets Charente Maritime
En France, au-delà de certaines côtes bretonnes, elles sont observées dans le Cotentin, en baie de Somme, en Charente-Maritime, en Martinique ou dans les étangs et lagunes du Languedoc - Roussillon.



1952C’est un phénomène ancien puisque des échouages d’ulves sur les côtes de la Manche sont rapportés depuis le début du XXème siècle. Dès les premières photographies aériennes de l'IGN en 1952, les rideaux d’ulves sont visibles sur les baies aujourd'hui  les plus concernées.


activité agricole2
Aucune corrélation ne peut donc être établie entre le phénomène et le développement des activités agricoles.




Sans titre - 2
En France, le cas de la baie de Lannion, une des portions du littoral les plus touchées, est révélateur.





Sans titre - 10
Sur les bassins versants concernés on rencontre des systèmes de polyculture-élevage relativement peu intensifs ; on n’y compte pratiquement pas d’élevage hors-sol, et de nombreuses surfaces sont occupées par des prairies permanentes.


oursins2jpgLes ulves ne sont pas toxiques. Elles sont même comestibles par l’homme et par les animaux. Dans la nature, elles sont consommées par de nombreux animaux tels que les bigorneaux, les ormeaux, les oursins…

Sans titre - 3
Elles pourraient rentrer aisément dans la fabrication d’aliments du bétail. L’utilisation des ulves collectées, en tant que fertilisant épandu dans des parcelles agricoles, ne pose pas de difficulté particulière.



C’est leur décomposition par putréfaction qui peut produire de l’hydrogène sulfuré (H2S), gaz toxique au-delà de certaines concentrations, difficilement atteintes en plein air.

riviereTrès tôt, des tentatives de rapprochements entre les flux d’azote apportés par les rivières et les fleuves bretons et le développement des ulves ont été menées.  En réalité, la prolifération d’ulves se manifeste dans les baies propices, quels que soient les flux d’azote déversés par les cours d’eau. De plus, les quantités d’ulves ne sont nullement corrélées aux flux d’azote rejetés.

L’hypothèse de l’influence des apports d’azote au mois de juin n’est pas non plus confirmée par les observations.

estranLes marées vertes sont observées sur des baies présentant les deux caractéristiques suivantes :

- présence d’une plage de sable à faible pente, favorisant l’effet de lagunage,

- piégeage de l’eau en fond de baie, sans forte dispersion des masses d’eau vers le large.


Sans titre - 6Ce sont les conditions géomorphologiques et hydrodynamiques des baies qui déterminent le développement et l’échouage des ulves.

Les quantités d’azote reçues par les seuls cours d’eau, bien que variables, sont beaucoup plus élevées que les besoins en azote des ulves ; ceci est également vrai, mais dans une moindre mesure, pour le phosphore.

Dans ces conditions, aucune limitation de la croissance des ulves par réduction des apports d’azote par les cours d’eau, n’est à attendre.

riviereL’azote du milieu marin ne provient pas uniquement des cours d’eau et les apports des cours d’eau ne représentent qu’une partie de l’azote disponible dans le milieu marin. Aussi, compte tenu des masses en jeu et des besoins des ulves, aucune carence en azote capable de réduire la croissance des algues ne pourra jamais être observée.

Le cycle de l’azote dans le milieu marin côtier, la part relative de ses diverses origines ainsi que les mécanismes compensateurs (notamment en ce qui concerne la fixation de l’azote atmosphérique par le phytoplancton) n’ont pas fait l’objet d’études permettant de les modéliser. Il est surprenant que seul l’azote apporté par les cours d’eau fasse l’objet des recommandations actuelles.
 

mythiliculture2
D’autres facteurs peuvent expliquer le phénomène parmi lesquels on peut citer la diminution des consommateurs d’ulves dans la chaîne alimentaire, le développement de la mytiliculture dans la baie de Saint-Brieuc, l’accumulation de phosphore dans les sédiments côtiers…


       Mytiliculture et algues vertes en baie de Saint-Brieuc

Ces facteurs n’ont pas encore été étudiés et l
es connaissances acquises à ce jour ne sont pas suffisamment précises pour réaliser une modélisation représentant fidèlement le phénomène.

Sans titre - 5
La modélisation qui a été développée prend pour hypothèse le rôle déterminant des apports d’azote des cours d’eau. Les observations et les mesures effectuées ont montré que cette hypothèse n’est pas vérifiée.



Les actions sur les nitrates dans les bassins versants n’auront pas d’effet sur la prolifération des ulves.

Actuellement les moyens d’action efficaces pour prévenir le phénomène ne sont pas connus.

ulves2Les recherches doivent porter sur d’autres facteurs explicatifs que l’azote. L’étude du devenir et du rôle du phosphore doit être approfondie. Des travaux sur la récolte précoce et la valorisation des ulves ou leur dispersion vers le large, doivent également être poursuivis.



N.B. On trouvera des  données quantitatives, des photos aériennes et des cartes dans le document de l'Institut scientifique et technique de l'environnement.

Lire aussi : Le préfet, les marées vertes et le Père Ubu 


 

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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 22:11



Jouez hautbois, résonnez musettes ! Un nouveau blog est né.

Le 26 octobre dernier s’est ouvert un blog consacré aux nitrates dans leur rapport avec la santé humaine. Intitulé Le blog des nitrates - Nitrates et santé , son sommaire comprend à ce jour 11 articles.

Après le mot d’accueil Nitrates et santé, on lira dans un style agréable et alerte des résumés de publications scientifiques et des commentaires aidant à en comprendre la portée :

- Une synthèse venant de Suède

- Une synthèse venant des États-Unis

- Très forts taux de nitrates dans le plasma des Tibétains vivant en haute altitude

- Le journalisme médical tel qu’il est ou tel qu’il devrait être

- Effet d’exercices physiques réguliers sur le taux plasmatique des nitrates

- Nitrates et nitrites alimentaires et réponse au stress ischémique cellulaire

- Annonce de la parution en mars 2011 d’un livre en anglais sur les nitrates et les nitrites en physiologie et pathologie humaines

- Fruits et légumes « bio » 90% plus chers

-Nitrate et nitrite dans le lait maternel en début de post-partum

- La Bible parle-t-elle des nitrates ?

 
Des liens vers les abstracts ou les publications sont souvent indiqués.  




Bibliographie


Pour connaître les bases de la physiologie des nitrates dans l’organisme et des relations entre nitrates et santé humaine, un excellent livre Les nitrates et l’homme de Jean L’hirondel et Jean-Louis L’hirondel, peut être commandé auprès de l’Institut scientifique et technique de l’environnement. Cet ouvrage est préfacé par les Professeurs Christian Cabrol, Henri Lestradet et Maurice Tubiana, signatures qui assurent de sa qualité scientifique.
Pour être lu sans trop de difficulté il requiert une formation en biologie de niveau bac S.

 

 








                                                                           La Bible parle-t-elle des nitrates ?



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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 12:18



Récemment une note du Préfet des Côtes d’Armor a été rendue publique par la presse.


Dans sa conclusion le préfet estime qu’un changement des pratiques agricoles sur les bassins versants, qui concernent 2190 exploitations soit un quart des exploitations du département, n’auront qu’un effet très limité sur le phénomène des marées vertes.



Pour arriver à un effet marquant il faudrait l’arrêt de l’agriculture sur le bassin versant avec conversion totale des terres en prairies fauchées mais non fertilisées, autant dire, ce que le Préfet ne dit pas, la disparition de la quasi totalité des 2190 exploitations concernées.


À
mon avis, le préfet a raison sur le premier point mais pas sur le second : même la suppression de l’activité agricole n’aura pas d’effet sur le phénomène des marées vertes.



Dans ces conditions, et quoi qu’on pense de la justesse de cette thèse sur le plan scientifique, il me parait utile de revenir sur l’histoire agricole de la Bretagne et la logique profonde de son mode de développement.

La minceur et la pauvreté de ses sols est une caractéristique bien connue de la géographie physique de la Bretagne, qui est sortie de sa misère ancestrale, largement liée à ce pauvre héritage de la nature, en intensifiant la production agricole par l’utilisation de moyens modernes de culture : engrais et remembrement.



Aujourd’hui la Bretagne dispose du cinquième des vaches laitières françaises et fournit le quart de la production nationale de lait.





Elle produit 30 % de notre viande de volaille. Plus de la moitié du cheptel porcin français est breton. La Bretagne a ainsi bâti, grâce à l’énergie et à l’obstination de ses paysans, une économie agricole et agroalimentaire puissantes, qui contribuent grandement à la prospérité de ses habitants.




Ces productions permettent à un agriculteur de travailler et gagner sa vie sur des petites surfaces, les vaches laitières à un moindre degré que l’aviculture et que l’élevage de porcs, puisque ce deux dernières productions peuvent éventuellement être conduites en achetant tous les aliments.



On parle alors d’élevage « hors sol », ce qui n’est qu’une façon de parler, puisque les aliments donnés aux animaux sont bien produits sur des surfaces. Simplement ces surfaces appartiennent à d’autres exploitations, souvent dans d'autres régions, que celles qui élèvent les animaux.





Bien qu’en Bretagne l’azote contenu dans les lisiers de bovins soit deux fois plus important que celui des lisiers de cochon, c’est celui-là qui est le plus fréquemment mis en cause dans les marées vertes.




La balance commerciale française des produits issus de l'élevage de porc  est excédentaire en volume mais tout juste équilibrée en valeur.

         
  



Il est aujourd’hui très difficile de développer la production de porcs dans d’autres régions que la Bretagne. C’est d’abord une question culturelle.

En Bretagne, élever des porcs découlait d’une vieille pratique consistant à écrémer le lait en vue de la fabrication de beurre et à nourrir le cochon avec le petit lait. Cette tradition a été revivifiée par la nécessité pour beaucoup de fils de paysans bretons de s’installer sur de toutes petites surfaces, voire sur rien, juste la superficie nécessaire au bâtiment.


Dans les autres régions de France la production de porc, qui est pourtant extrêmement technique, est aujourd’hui assez méprisée. Et, de toute façon, si vous trouvez un paysan volontaire pour élever des porcs, ce sont ses voisins qui s’y opposent, alors même qu’aujourd’hui on fait des porcheries sans odeurs. Tout ça pour dire que si on ne veut pas se nourrir de cochon importé, il faut maintenir l’élevage porcin en Bretagne.



La Bretagne a une surface agricole utile largement suffisante pour épandre tous ses lisiers de bovins, de porcs et de volaille. Il lui manque même encore de l’azote pour compenser les exportations des cultures, c’est pourquoi les agriculteurs bretons recourent aux engrais minéraux azotés. Quand un éleveur de porc n’avait pas assez de surface pour épandre son lisier dans des conditions agronomiques satisfaisante il trouvait des voisins, à qui en général il donnait les excédents, lesquels voisins étaient bien contents d’économiser ainsi sur l’achat d’engrais minéraux.



Puis, sous la pression des écologistes et de la bureaucratie réunis, les éleveurs de porcs ont été tenus, sous peine de sanctions très lourdes, d’avoir des contrats d’épandage en bonne et due forme avec leurs voisins. Ils devinrent alors soupçonnés par leurs collègues d’être des accapareurs de terres potentiels, car chacun sait qu’un paysan cherche toujours à devenir propriétaire des terres dont il a besoin pour travailler.




Aussi, pour sécuriser leur système, éviter les frictions avec les voisins et les querelles dans les organisations professionnelles, les éleveurs de porcs se sont lancés dans la construction de stations d’épuration dénitrifiant les lisiers et larguant ainsi l’azote dans l’air sous forme gazeuse.


Lorsque l’on atterrit à Brest ou qu’en décolle, il est stupéfiant de voir le nombre de structures rondes au sol, un vrai jeu de dames, ce sont les stations d’épuration.  

L’agroéconomiste que je suis est profondément choqué par ce gâchis, car cet azote perdu pour rien dans l’atmosphère, les voisins de l’éleveur de porc doivent se le procurer maintenant sous forme d’engrais minéraux, dont la majeure partie est produite par l’industrie des engrais avec de l’azote de l’air et ce à grand coût énergétique ! Un vrai miracle économique et écologique !


Il n’y a aucun doute quand au rôle des phosphates dans les marées vertes. L’Ifremer passe son temps à vendre ses modèles aux collectivités territoriales ou locales. C’est normal qu’en bons commerciaux qu’ils sont ils ne démordent pas de leur position sur le rôle de l’azote.


Résultat de l’action : les rejets d’azote dans les zones marines bretonnes diminuent et les marées vertes sont toujours là. Et quand on aura supprimé l’agriculture bretonne pour la remplacer par la prairie comme le suggère le Préfet des Côtes d’Armor, les marées vertes seront toujours là.



On notera au passage que le préfet estime à 500 000 € le coût du ramassage des algues vertes dans son département. Le revenu fourni par 2190 exploitations agricoles aux exploitants, aides familiaux et salariés qui y travaillent doit représenter au bas mot 50 millions d’Euros. 500 000 Euros d’économie contre 50 millions de perte de revenu, c’est le père Ubu.

 

Lire la note du Préfet des Côtes d'Armor

Nitrates, phosphates, marées vertes




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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 00:31







Les marées vertes bretonnes ont fait récemment la une des media.







Comme, à cette occasion, sur un forum Internet j’exprimais un peu lapidairement l’idée que les nitrates ne sont pour rien dans la prolifération des algues vertes mais que ce sont les phosphates, un intervenant m’a posé la question : « Mais pourquoi donc les algues posent toujours problèmes dans une zone où il y a une forte concentration d’élevage de porcs et pas dans d’autres zones côtières ? »


La réponse que l’on peut apporter à cette question est susceptible d’intéresser d’autres personnes que mon agréable correspondant. Aussi fait-elle l’objet du présent article.


En premier lieu, ce n’est pas parce que deux phénomènes sont reliés dans le temps ou l’espace que l’un est la cause de l’autre.



Ensuite, il est inexact de croire que seules les régions de forte concentration d’élevages de porc, ou même plus généralement d’élevage, présentent des phénomènes de marée verte.





Il s’en produit, depuis de longues années, dans nombre d’espaces littoraux de la Méditerranée, où l’élevage en général n’est pas très développé : Grèce, Égypte, Turquie, Tunisie, Algérie. Certains de ces pays sont bien connus pour leur importante concentration d’élevages de porcs !




Les marées vertes ne se produisent que dans des baies ou des estuaires qui présentent un profil topographique favorable : faible profondeur, faible effet de « chasse d’eau » de la marée. Les spécialistes parlent de configuration à  « effet de lagunage ». Ceci peut expliquer qu’en France, seule la Bretagne présente des portions de littoral favorables aux marées vertes. Les grands estuaires français, par exemple, ne présentent pas ce profil et ne connaissent pas de marées vertes bien qu’il s’y déverse des quantités très importantes de nutriments nécessaires à la prolifération des végétaux aquatiques, nitrates et phosphates.


Pour le développement des ulves, les algues en cause dans les marées vertes bretonnes et, plus généralement, des végétaux aquatiques, deux nutriments sont nécessaires : les phosphates et les nitrates.


Selon Guy Barroin, anciennement chercheur à la station de l’INRA de Thonon-les-Bains, aujourd’hui à la retraite, dans les cas ou les nitrates sont en concentrations insuffisantes par rapport aux phosphates, des cyanobactéries, qui ont le pouvoir de fixer l’azote de l’air, utilisent les phosphates pour se développer. Lorsque l’azote de l’air qu’elles ont fixé est relargué en concentration suffisante dans le milieu et transformé en nitrates par les processus de nitrification, les végétaux qui ont besoin de nitrates dans le milieu aquatique pour se développer peuvent prendre le relais. Conclusions : vous pouvez réduire l’apport exogène de nitrates à zéro, s’il y a du phosphore en quantité suffisante et si les autres facteurs son réunis, l’eutrophisation* du milieu se produira.



Guy Barroin a personnellement travaillé sur les milieux aquatiques lacustres. C’est en limitant les apports de phosphates dans le lac Léman et le lac du Bourget qu’on a réussi à stopper leur eutrophisation.





Dans la littérature internationale Guy Barroin a trouvé la confirmation que c’est le même type de processus qui se déroule en milieu marin. L’IFREMER continue de s’opposer à cette explication et privilégie l’azote comme facteur de maîtrise de l’eutrophisation.




Ce sont les chercheurs de l’IFREMER qui s’expriment dans les media. Dans une interview récente dans le journal Le Monde à propos des marées vertes Jean-Yves Piriou a même le culot de déclarer : « Plus personne ne nie la responsabilité des nitrates. » Dans une situation de controverse scientifique une telle déclaration n’est pas honnête et induit le grand public en erreur.



L’apport de phosphates dans les fleuves et rivières est estimé par un rapport parlementaire comme étant originaire à 90 % de l’industrie et des activités domestiques, et seulement à 10 % de l’activité agricole (les phosphates épandus en agriculture sont très largement insolubles et la fraction soluble est assez rapidement insolubilisée par fixation par le complexe argilo-humique).




L’interdiction intervenue en 2007 des phosphates dans les lessives domestiques ne concerne que les lessives pour le linge, mais pas celles pour les lave-vaisselle ni pour le nettoyage des surfaces dans l'industrie (on n'en connait pas à ce jour de substitut possible).


Il semble que dans les sédiments de certaines baies les phosphates se soient dores et déjà accumulés en de telles quantités qu’il est difficile de les éliminer, par dragage ou tout autre moyen.


Dans ces conditions il semble que la solution la plus économique au problème des marées vertes bretonnes doive être recherchée dans la valorisation des algues ramassées. La société OLMIX prétend avoir mis au point un procédé de valorisation (méthanisation et transformation en intrants pour l’agriculture) des déchets verts y compris les algues vertes. Si cela est vrai et si ce procédé est rentable, il faudrait penser à le développer au stade industriel. Le ramassage des algues pourrait ainsi changer de statut et devenir une véritable « récolte ».

 

* Eutrophisation : détérioration d'un écosystème aquatique par la prolifération excessive de végétaux. Ces végétaux meurent et se décomposent. Le processus de décomposition consomme l'oxygène de l'eau. En l’absence d’oxygène le milieu devient sans vie.
 

Lire aussi  sur ce blog :


Le préfet, les marées vertes et le Père Ubu

Nitrates ? Vous avez dit nitrates ?

 
Bibliographie :


Définition de l’eutrophisation

Guy Barroin, Gestion des risques. Santé et environnement : le cas des nitrates. Phosphore, azote et prolifération des végétaux aquatiques.

Le Monde du 20 Août 2009, Algues vertes : "Plus personne ne nie la responsabilité des nitrates"

PLAN D'ACTION POUR LA MEDITERRANEE Réunion conjointe du Comité scientifique et technique et du Comité socio-économique Athènes, 3-8 avril 1995.  EVALUATION DE L'ETAT DE L'EUTROPHISATION EN MER MEDITERRANEE

Une voiture roule aux algues vertes


Quand Morgane transforme les algues vertes


Olmix. Une perte de 6,2 millions d'euros en 2008


Sur l’origine des phosphates : La qualité de l'eau et l'assainissement en France (rapport du Sénat)






























                              Le lac Léman sauvé de l'eutrophisation par la réduction des apports de phosphates





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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 00:14



Cet article sera bref en regard de l’importance du sujet. Il vise seulement à sensibiliser les lecteurs à l’une des plus grandes impostures écologiques et réglementaires jamais vues. En revanche les références bibliographiques seront nombreuses, pour qui souhaite vérifier mes dires et les approfondir.



 

La réglementation européenne, applicable en France, a édicté une norme pour l’eau potable, laquelle doit respecter un plafond de 50 milligrammes d’ion nitrate par litre.
 



 

Ce plafond réglementaire a été établi sur la base d’une publication scientifique imprécise de 1958 : une dose sans effet nocif de 50 mg/l avait été évaluée, mais sans que soient évalués les effets de doses supérieures. En 1982 on a mis en évidence que des doses cinq fois plus élevées étaient elles-mêmes sans effet négatif sur les consommateurs. Tout le monde peut se tromper, mais les institutions ont beaucoup de mal à le reconnaître lorsque ça leur arrive. C'est le refus par les institutions officielles, y compris des organisations internationales (OMS, Union Européenne...) de reconnaître cette erreur, laquelle a induit des contraintes et des coûts importants et inutiles pour de nombreux acteurs économiques, notamment les agriculteurs, qui constitue le mensonge.
 


On sait aujourd’hui que les nitrates sécrétés par l’organisme sont indispensables à une bonne protection contre les bactéries introduites dans le tube digestif à l’occasion des prises alimentaires. En effet, les nitrates sécrétés dans la salive sont transformés après plusieurs étapes en une molécule azotée qui se retrouve dans le suc gastrique et qui est  puissamment bactéricide. L’acidité seule du suc gastrique, sans les nitrates sécrétés dans la salive, est beaucoup moins efficace dans la protection antibactérienne. Ce processus protège tout particulièrement contre les germes provoquant des gastro-entérites.

 


Les effets prétendument cancérigènes des nitrates et des nitrites n’ont jamais pu être mis en évidence. Les connaissances les plus récemment acquises laissent même soupçonner un effet protecteur des nitrates contre certains cancers.


 


La maladie bleue (méthémoglobinémie) du nourrisson peut assurément dans certains cas s’avérer mortelle. Même avec des eaux ou des légumes, carottes du potage notamment, fortement chargés en nitrates, une hygiène normale du biberon évite tout risque d'accident.
 


 






L’eutrophisation des milieux aquatiques (asphyxie par prolifération d’organismes vivants, les algues vertes par exemple) est liée à la présence de phosphates.








L’expérience a montré que l’eutrophisation des milieux aquatiques a diminué consécutivement à la mise en place de procédés de déphosphatation dans les stations d’épuration des villes. Les phosphates présents dans les rivières ont une origine massivement urbaine et très minoritairement agricole.


 







Les milieux écologistes ont fait des nitrates un de leur terrain de bataille contre l’agriculture moderne, alors que même à des niveaux considérablement plus élevés que les niveaux actuellement constatés ils ne présentent aucun effet indésirable.




 

Une réglementation agricole très contraignante a été mise en place concernant l’usage des engrais azotés, minéraux et organiques. Les investissements imposés aux agriculteurs pour respecter ces normes réglementaires absurdes sont très lourds. Les subventions accordées aux agriculteurs pour les aider à réaliser ces investissements coûtent très cher aux contribuables. Pour abandonner des programmes coûteux, inutiles et vains contre la présence de nitrates dans l’eau il faudra très certainement du temps, car les institutions, plus encore que les individus, répugnent à reconnaître qu’elles se sont trompées.






Les nitrates n'empoisonnent ni l'homme ni l'environnement. Les nitrates ne sont pas des polluants. Les nitrates sont des éléments nutritifs indispensables au développement des plantes.
  






Citations


La toxicité pour l’homme des nitrates présents dans l’eau de boisson a été très largement surestimée. L’analyse des données disponibles, notamment les acquisitions récentes concernant leur métabolisme et les modalités de leur transformation en nitrites et en nitrosamines ainsi que la littérature épidémiologique accumulée depuis plus d’une trentaine d’années, montre que :

   - le risque de méthémoglobinémie du nourrisson est sans lien direct avec la teneur de l’eau en nitrates mais en rapport avec la pollution bactériologique de l’eau,

   - aucune association n’a pu être établie entre consommation prolongée d’une eau de boisson riche en nitrates et cancers dans la population générale.

Des travaux récents indiquent au contraire que les nitrates jouent vraisemblablement un rôle physiologique important par leur activité biocide vis-à-vis de nombreux germes impliqués dans la formation de la plaque dentaire, dans l’apparition de l’ulcère gastroduodénal ou encore dans la production de toxines.

Conclusion de la communication au 29ème symposium national de médecine agricole, tenu à Tours en juin 2002, faite par François Testud, Unité de Toxicovigilance, Centre antipoison, hôpital E. Herriot, Lyon.

                                                            ___

 

Lutter contre le nitrate pour résoudre le problème de l'eutrophisation est une solution à la fois pratiquement impossible car il faudrait rendre l'azote plus limitant que le phosphore au voisinage des concentrations naturelles, celles d'une eau de qualité, écologiquement dangereuse car elle stimule les proliférations cyanobactériennes, techniquement inefficace du fait de la réinjection automatique par les cyanobactéries de l'azote que l'on s'efforce d'éliminer et rationnellement douteuse : ne propose-t-on pas de traquer le nitrate pour lutter contre la pollution par les phosphates ?


Guy Barroin, INRA - Hydrobiologie et faune sauvage,  Thonon-les-Bains, Gestion des risques. Santé et environnement : le cas des nitrates. Phosphore, azote et prolifération des végétaux aquatiques. Assises internationales envirobio 13-14/11/2000 Paris.


                                                              ___


Ils ont des yeux et ne voient point. Ils ont des oreilles et n'entendent point.

Ancien Testament. Jr 5, 21



Bibliographie



François Testud,
Les nitrates dans l’eau : quels risques pour la santé humaine ?
communication au 29ème symposium national de médecine agricole tenu à Tours en juin 2002 :  http://www.salade.com/img/fr/savoir/a.pdf



Guy Barroin, Gestion des risques. Santé et environnement : le cas des nitrates. Phosphore, azote et prolifération des végétaux aquatiques : http://www.inra.fr/dpenv/barroc48.htm
 
 


Jean et Jean-Louis L’hirondel, 2004, Les nitrates et l’homme : toxiques, inoffensifs ou bénéfiques ? Préfaces des Pr. Christian Cabrol, Henri Lestradet et Maurice Tubiana. Les éditions de l’Institut de l’Environnement, 255 pages. Cet ouvrage peut être commandé à

http://www.institut-environnement.fr/nitratesetlhomme.pdf

 

Christian BUSON, Faut-il encore avoir peur des nitrates ? : http://www.institut-environnement.fr/peur_des_nitrates.doc

 

Tom ADDISCOTT traduit par Christian BUSON,
En faire tout un plat ? New Scientist - 5 février 2000 : http://www.institut-environnement.fr/tout_un_plat.doc








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