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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 00:00

rat-monstrueux



Après que son article sur les rats monstrueux nourris aux OGM a été retiré par la revue qui l’avait publié, Séléralini vient de produire, dans une encore plus obscure revue, les résultats d’une prétendue étude sur la toxicité des pesticides.

 


 

 

pesticides (1)
En résumé, les produits pesticides seraient beaucoup plus toxiques que leurs principes actifs. En effet, un pesticide est constitué d’un principe actif et d’adjuvants facilitant son activité (agents mouillants notamment).

 

 

Or :

1° Selon Séléralini, avant mise sur le marché, seuls les effets de la substance active seraient évalués et non ceux des produits commercialisés, dans lesquels ont été ajoutés les adjuvants. 

2° L’étude a été réalisée in vitro sur cellules humaines.

Ce faisant Séléralini propage deux contrevérités.


En effet :

uipp1° Madame Pommaret, directrice générale de l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes), a déclaré que « les produits mis en vente (substances plus coformulants) sont évalués au préalable dans le cadre de la réglementation européenne, contrairement à ce qui a été affirmé à l'occasion de la communication de ces travaux ».

De plus, « tous les pesticides étudiés dans la publication ont déjà été pleinement évalués avec des études de toxicité in vivo » autrement dit sur des animaux vivants, et non in vitro, sur des cellules en cultures. « Ces études sont obligatoires et doivent confirmer l'absence d'augmentation significative de la toxicité de la formulation par rapport à la toxicité de la substance active seule. » précise-t-elle.



Logo Afssa2° En 2009, à propos d’une « étude » du même Séléralini sur la toxicité du Roundup, désherbant bien connu des agriculteurs et des jardiniers, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd’hui fusionnée avec un autre organisme pour former l’Anses) avait formellement invalidé la méthode consistant à mettre des cellules en culture dans une solution pour évaluer la toxicité de ladite solution. Sur ce point Monsieur Séléralini est donc un récidiviste de la contrevérité.

 



Culture cellulaire - lignée humaine

En principe une culture cellulaire bien conduite doit être effectuée à pH 7,4 donc légèrement alcalin. On imagine les résultats d’une culture cellulaire dans du vinaigre ou du jus de citron et la toxicité de ces produits qu’ils démontreraient, alors que nous les ingérons quotidiennement sans danger.*





Munch,le cri, Nal Gal, Oslo

Je me demande si la réaction de la directrice de l’UIPP est à la hauteur de la peur que les déclarations tonitruantes de Séléralini provoquent dans l’opinion. Ne serait-il pas temps de passer à la vitesse supérieure et de dénoncer le dévoiement de la science et la fausse monnaie séléralinienne ?



 

* Pour ceux qui ont une connaissance des pratiques de laboratoire, on peut ajouter que la solution était additionnée d'un solvant (DMSO) qui perturbe la membrane cellulaire, qui facilite son franchissement et augmente donc très fortement la mesure de la toxicité du produit testé. En outre, sur plusieurs autres points la manip n'est pas conforme aux bonnes pratiques de la culture cellulaire.

Pour en savoir plus 

L'étude rapportée par La France Agricole

La déclaration de Madame Pommaret dans La France Agricole

L'avis de l'Afssa du 26 mars 2009

L'étude (in englisch)


A lire aussi

Pesticides, le chiffre du jour : 9000 !

Pesticides, le chiffre du jour

Guy Mollet, Mitterrand, Olivier Ferrand...

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 00:01


Il y a quelques semaines, fin octobre, France 3 Languedoc-Roussillon consacrait un sujet aux moustiques intitulé "Il va falloir vivre, à nouveau, avec les moustiques".


Etang de Vaccarès (2) - CopieOn y apprend "qu’anéantis par des campagnes massives de traitements chimiques entre 1970 et 1995, les moustiques des marais étaient devenus rares en Camargue et plus largement sur notre littoral. Mais avec la démoustication raisonnée des années 2000, ils réapparaissent progressivement."




Les Saintes-Marie de la mer - CopieAutrement dit les campagnes massives de traitements chimiques avaient débarrassé la région des nuisances de cet animal indésirable et permis de développer une activité touristique balnéaire jusque là rendue impossible par la pullulation de ces insectes à la belle saison.



le-moustique-.jpgAujourd’hui, la démoustication raisonnée suscite la réapparition progressive de la bête ! On se demande si elle est si bien raisonnée que ça ! En vérité, prétendument ciblée, elle rencontre de grandes difficultés dans le repérage de tous les lieux de ponte et de développement des larves. Il y en a toujours qui échappent à l’observation même la plus vigilante.



Aedes albopictusIl faut savoir qu’une espèce de moustique, Aedes albopictus, le moustique tigre, originaire d’Asie du sud-est, est maintenant présent dans une bonne partie du midi de la France et remonte vers le nord par la vallée du Rhône. Il a colonisé la Corse, les Alpes-Maritimes, le Var, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Gard, l'Hérault. Il a aussi été détecté en Ardèche, dans l'Aude, les Pyrénées-Orientales.


Or le moustique tigre compte parmi les espèces de moustiques qui transmettent à l’homme deux maladies sévères, la dengue et le chikungunya.

Les autorités craignent l’apparition sur le territoire métropolitain de ces maladies, autrefois réservées aux régions tropicales et surveillent attentivement la progression du moustique tigre sur le territoire.

A7
Le trafic routier étant le principal propagateur de ce moustique, des pièges sont installées sur les aires d’arrêt des axes autoroutiers, permettant d’en repérer la présence et d’estimer l’évolution de la population.



Le chikungunya se manifeste par une très forte fièvre, suivie d'un érythème, de courbatures très douloureuses et de vives douleurs des articulations qui obligent à garder le lit. L’épisode peut s’accompagner de douleurs abdominales et de diarrhée. Les douleurs articulaires peuvent persister ou réapparaître pendant plusieurs mois, jusqu’à plus d'un an. Une fatigue peut se poursuivre au-delà d'un an. La mortalité est d'environ 1 pour 1 000 cas, touchant les personnes les plus fragiles, nouveau-nés, personnes âgées, personnes atteintes d’autres maladies.

Cirque de Cilaos, Réunion - Copie (2)

En 2005 et 2006, une épidémie de chikungunya a fait à la Réunion 266 000 victimes de la maladie et 243 décès, pour une population de l’île d’environ 800 000 habitants.




La dengue est une infection virale endémique des pays tropicaux. Elle entraîne classiquement fièvre, mal de tête, douleurs musculaires et articulaires, fatigue, nausées, vomissements et éruption cutanée. La guérison survient généralement en une semaine. Il existe des formes hémorragiques ou avec syndrome de choc, rares et sévères, pouvant entraîner la mort. Ces dernières années la forme hémorragique connaît, dans le monde, un essor certain.

Guyane - 1656 (2)
En 2013 la Guyane française a connu une épidémie de dengue au cours de laquelle on comptait, fin septembre 11 650 cas cliniques dont 3905 biologiquement confirmés, 545 hospitalisation et 5 décès, pour une population de 240 000 habitants.


 

En 2007, l'Italie a connu une épidémie de chikungunya qui a touché 3000 personnes  dont une est décédée

A ce jour, en métropole seuls quatre cas autochtones, autrement dit contractés sur le territoire métropolitain - deux cas de dengue et deux cas de chinkungunya - ont été observés, en 2010, dans les Alpes-Maritimes. Sous nos latitudes, en cas d'épidémie, la transmission du virus, en l'absence de moustiques adultes, serait interrompue pendant l'hiver, ce qui serait un avantage dans sa limitation.

En attendant,

  Vive la remoustication !

Et bon réveillon à tous ! 


Pour en savoir plus :

L'article de France 3
Un article du Midi Libre
Institut de veille sanitaire : l'épidémie de chikungunya à la Réunion
Le quotidien du médecin : l'épidémie de dengue en Guyane



Route-des-Alberes--la-cote---Copie--2-.jpg

 

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 23:30

 

 

Le Point
Le numéro 2082 du Point, en date du 9 août 2012, consacre un reportage de trois pages à la puberté précoce.



Munch, puberté, Nal Gal, Oslo (2)

Chez les filles la puberté commence normalement à dix ans et demi. Si elle démarre entre huit et dix ans, les médecins parlent de puberté avancée. Si elle commence avant huit ans on parle de puberté précoce*. Pour les garçons, l’âge moyen de la puberté est légèrement plus tardif et les termes de puberté avancée et de puberté précoce sont retardés d’autant. La puberté précoce toucherait six fois plus de filles que de garçons (une question de genre, certainement !)




Velazquez, Les menines, Prado (2)

Les pubertés avancées, et surtout précoces, induisent des perturbations, qui peuvent être graves, tant sur la psychologie des sujets concernés, que sur leurs relations dans ou hors de la famille, et sur leur état et leur santé futurs (petite taille à l’âge adulte, susceptibilité à certaines maladies). La puberté avancée ou précoce peut être traitée par voie hormonale.




Hopital Necker Laennec (2)Un endocrinologue de Montpellier estime qu’en quinze ans le nombre de cas de pubertés précoces a augmenté de 100 %.

À l’hôpital Necker, le nombre de cas enregistrés aurait augmenté de 75 % en seulement cinq ans !

Ces chiffres ne sont pas forcément contradictoires mais, à supposer qu'ils soient statistiquement représentatifs, reflètent une accélération étonnante du phénomène. Ils ne conduisent pourtant pas le  journaliste à se questionner, qui ne fait que les rapporter et n’effectue aucune tentative, même timide, de rapprochement.


Il nous dit qu’en 2006, une étude danoise démontrait que le nombre de pubertés précoces semble littéralement exploser dans tous les pays développés.


Raffaello Sanzio L'école d'Athènes (1)
Démontrer qu’il semble que quelque chose arrive
, relève d’une rhétorique formidable ! Ou bien une chose est démontrée et alors il ne semble pas qu’elle arrive, elle arrive. Ou bien, s’il semble seulement qu’elle arrive, c’est qu’il n’est pas démontré qu’elle arrive.





Médecin contre la peste
Dans sa conclusion, revenant à plus de raison, l’article dit qu’alors que l'alarme a été sonnée en Scandinavie, les pouvoirs publics français, malgré les appels de nombreux médecins, font comme si le problème n'existait pas et qu’au minimum, on serait en droit d'attendre une enquête de l'Institut de veille sanitaire pour déterminer si épidémie il y a.

En fin de compte, le lecteur est légitimement en droit de se poser la question de savoir si cette épidémie est bien réelle.



Or, à la page précédente, qu’a-t-il pu lire, en intertitre, en caractères gras, bien mis en évidence entre deux colonnes ? 

"En cause, les perturbateurs endocriniens,
phthalates(**), pesticides, phénols
et autres horreurs chimiques
qui saturent notre environnement."

DDT (2)

Conclusion du lecteur qui a pris le temps de se livrer à une critique interne de l’article : 

Les horreurs chimiques qui saturent notre environnement

sont la cause certaine

d’une épidémie incertaine ! 

 

Ma conclusion personnelle.

mediaUn journal qui a plutôt moins tendance que ses concurrents à se livrer au marketing du sensationnel et de la peur, s’y livre néanmoins.



Raffaello Sanzio L'école d'Athènes (8)
Il faut donc toujours prendre, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, un article journalistique avec des pincettes et, plus qu'en toute autre occasion, exercer sa vigilance et son esprit critique. Sur les sujets où l’on n’a pas les informations ou la culture qui permettent de les exercer, il nous faut suspendre notre jugement.




Au-delà de cette conclusion générale sur l’utilité de procéder à une critique interne des textes, j’ajouterai deux considérations particulières.

DSC09763 (2) - Copie

Le principal perturbateur endocrinien de notre environnement, c’est la pilule contraceptive ! Outre le fait qu’elle est susceptible d’affecter les femmes à qui elle est prescrite, ses résidus se retrouvent dans les eaux usées, ne sont pas éliminés dans les stations d’épuration et sont susceptibles d’avoir des effets sur les populations. Chut ! Tabou !



Zurbaran
L’effet éventuel de la multiplication des traitements hormonaux dans le cadre de la procréation médicalement assistée, en pleine expansion, est évacué par l’article du Point d’un coup de cuiller à pot qui a plus à voir avec le micro-trottoir qu’avec une enquête journalistique rigoureuse.


________________


DSCF3294 (2)

*  Dans cette affaire l’âge d’apparition des règles n’est pas en cause mais seulement l’apparition précoce de caractères sexuels secondaires.



** Faute d’orthographe dans le texte original.


NB L'article est en ligne ici. La présentation et les insertions graphiques sont différentes de ce qu'elles sont dans la version papier. En particulier la mise en cause de la pollution chimique apparaît sous forme interrogative, au début de l'article, en première page dans la version papier, et la réponse affirmative à cette question, mise en évidence en deuxième page de la version papier, ne figure pas en intertitre gras dans la version en ligne mais est seulement rapportée dans le corps de l'article comme une opinion de l'endocrinologue de Montpellier, opinion qui est, selon lui, "sans aucun doute".
 

 


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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 22:50

 

ministre

Il y a juste une semaine, le 1er juin, le ministre de l’agriculture a annoncé son intention d’interdire à brève échéance le Cruiser, insecticide utilisé pour la protection du colza.



Qu’est-ce que le colza ?

292 Chemin du Moulin, la fleur de colza

C’est une plante oléo-protéagineuse. Elle est cultivée en vue de produire de l’huile utilisée dans alimentation humaine ou dans l’industrie.




colza-grains2.jpg
Par l'opération par laquelle on en tire de l'huile, on obtient également un tourteau riche en protéines, utilisé dans l’alimentation animale.





colzas--2-.jpg
C’est une plante bien adaptée aux climats tempérés de beaucoup de régions européennes, contrairement au soja, autre oléo-protéagineux, qui demande un climat plus chaud et humide.



Fleur-de-Colza.jpg

L’huile de colza avait fait parler d’elle il y a quelques années, accusée, à tort ou à raison, d’être nocive pour le cœur parce qu’elle contenait trop d’acide érucique.





45 Colza
Très vite les sélectionneurs ont réussi à créer dès variétés à faible teneur en cet acide, variétés dites zéro-érucique. Plus tard ils ont réussi à créer des variétés dont les tourteaux sont exempts d’agents antinutritionnels (glucosinolates) qui posaient des problèmes en alimentation animale. On parle donc de variétés double-zéro.



Qu’est-ce que le Cruiser ?

grosse altiseLe Cruiser est une préparation insecticide et fongicide, produite par la firme suisse Syngenta, qui, utilisée en enrobage des semences, protège le colza dans les premiers stades de sa vie végétative contre les attaques de certains ravageurs, tels que pucerons, tenthrèdes, petites altises, grosses altises adultes et contre le mildiou et la fonte du colza.



Colza-fleur3.jpg

Le principe actif insecticide du Cruiser est le thiaméthoxam. C’est un insecticide dit systémique, autrement dit qui pénètre les tissus de la plante ce qui rend sa protection persistante. Lorsque le colza arrive au stade le la floraison il y a un peu de thiaméthoxam dans le nectar des fleurs.






abeille butinant

Le thiaméthoxam est toxique pour les abeilles ; cela est écrit en toutes lettres dans la notice technique du Cruiser éditée par Syngenta.

Néanmoins le Cruiser a été homologué, car les essais préalables à son homologation ont montré qu’à la faible dose présente dans le nectar du colza on ne constatait pas de mortalité induite, autrement dit d’effet létal, chez les abeilles.




CaptureINRA.JPGDes essais conduits récemment par l’INRA ont montré que, nourries avec un sirop sucré contenant du thiaméthoxam en concentration inférieure aux doses létales, les abeilles transportées à distance de leur ruche avaient du mal à en retrouver le chemin.


Fort légitimement, les pouvoirs publics ont sollicité l’agence officielle habilitée à leur donner un avis, l’Anses, afin de savoir si cette étude remettait en cause l’homologation du Cruiser.


Que dit l’avis de l’Anses ?

anses1.JPG

L'avis de l’Anses est très argumenté (15 pages). Il est élogieux sur certains aspects novateurs de l’expérience conduite par l’Inra, notamment l’utilisation de puces RFID miniaturisées pour évaluer le nombre d’abeilles revenues à la ruche.



X-2.JPG
Il est critique sur les tests statistiques utilisés pour évaluer la significativité des écarts observés entre les lots d’abeilles exposées au thiaméthoxam et les lots témoins. Les tests utilisés ne sont pas les bons. Le nombre d’écarts significatifs diminue si l’on utilise les bons tests.




ruches4.jpg
Le modèle utilisé pour évaluer les conséquences démographiques sur la colonie des non retours d’abeilles est simpliste, purement théorique, n’est pas vérifié empiriquement et son utilisation dans le cas d’espèce n’est pas validée.





abeilleCependant la principale critique que l’on trouve résumée dans la conclusion de l’avis de l’Anses est la suivante : l’exposition des abeilles au thiaméthoxam dans la réalité au champ est inférieure à la dose à laquelle elles ont été exposées dans cette expérimentation, bien qu’une exposition à des doses de ce niveau ne puisse être totalement exclue dans des circonstances exceptionnelles.



En outre on n’a constaté aucune conséquence démographique négative sur les colonies d’abeilles que ce soit dans les essais préalables à l’homologation du Cruiser ou depuis son utilisation commerciale, et ce malgré la mise en place de dispositifs d’observation.

289 Chemin du Moulin, les colzasL’Anses propose donc de poursuivre les expérimentations sur la base de la technologie RFID en faisant varier les niveaux d’exposition pour se rapprocher davantage des doses auxquelles les abeilles sont communément exposées, et en approfondissant les conséquences des effets observés sur la dynamique de la colonie d’abeilles.


OSR.JPG

L’Anses ne propose en rien de revenir dans l’immédiat sur l’homologation du Cruiser.



Que dit le ministre ?

Ministre1Alors que l’Anses émet les plus grands doutes sur les effets du Cruiser sur les abeilles en situation réelle, qu’il convient de distinguer de la situation expérimentale, le ministre déclare : L’avis de l’Anses confirme l’effet néfaste observé d’une dose sublétale du produit concerné sur le retour à la ruche des abeilles butineuses.



Ministre (3)

Le ministre joue sur les mots. Dans l’expérimentation de l’Inra la dose à laquelle les abeilles ont été exposées est bien sublétale, mais ce n’est pas la dose à laquelle elle sont exposées en situation réelle.



Le ministre se propose donc, après le délai légal de quinze jours accordé au fabricant pour répondre, d’interdire le Cruiser.

Chacun jugera.


Mon jugement personnel

diable (4)Les pesticides ont été diabolisés par la vulgate écologiste, diabolisation assez massivement adoptée par l’opinion.

Lorsqu’on est ministre d’un gouvernement issu d’une alliance entre un parti se prétendant encore progressiste et EELV, mouvement rétrograde et réactionnaire, trahissant ainsi les idéaux de progrès dont il se réclame, alors Vox populi, vox dei. J’appelle ça de la démagogie. Et ce n’est pas comme cela qu’on opérera le moindre redressement productif.
                      Ministre de l'agriculture terrassant le diable



Pour en savoir plus


Avis de l'Anses

Déclaration du minsitre de l'agriculture (communiqué)


Lire aussi

Pesticides et contaminants chimiques

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 18:00

 

CapturerLe 29 avril 2010, soit précisément, à quelques jours près, il y a deux ans, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) remettait à la présidence du Sénat et à la présidence de l’Assemblée Nationale un rapport intitulé Pesticides et santé.


Ce rapport qui faisait le point sur les connaissances scientifiques sur les pesticides et la santé ne pouvait bien évidemment pas satisfaire les préjugés et les idées préconçues des écologistes.


Le Luxembourg
Depuis lors la majorité du Sénat est passée à gauche. Il a bien fallu donner quelques satisfactions aux dix sénateurs écologistes qui n’auraient pourtant jamais été élus à cette magistrature si le PS ne la leur avait offerte.




bonnefoy nicole - Copie
Aussi la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy a-t-elle eu l’idée de lancer une « mission commune d’information portant sur les pesticides et leur impact sur la santé et l’environnement ».


Bon, reconnaissons qu’aux relations entre la santé et les pesticides, déjà traitées par l’Opecst, cette mission a ajouté la problématique environnementale.

La mission, qui devrait durer six mois, procède à des auditions et des visites sur le terrain.

Axe environnement3La mission entend Monsieur Émeric Oudin. Monsieur Oudin est chef d’une entreprise spécialisée dans la fourniture d'équipements de protection individuelle pour l’épandage des pesticides. Ce chef d’entreprise déclare qu’à son étonnement, outre les agriculteurs, ses clients sont aussi des collectivités territoriales.


À ce sujet Monsieur Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, lui oppose « De moins en moins… » Ce à quoi le chef d’entreprise rétorque « ...sur le papier mais pas sur le terrain ! » Le sénateur ne peut supporter un tel blasphème de lèse-majesté et lui répond de façon péremptoire : « Sur le terrain aussi ! »


labbe joel

Le sénateur, plein de la suffisance de celui qui sait, enfin, de celui qui croit savoir, ne peut laisser passer de s’être fait moucher par un petit chef d’une petite entreprise. Aussi, un peu plus loin dans la discussion, avec beaucoup de morgue, celle des ignorants, entraine-t-il son interlocuteur sur un terrain qui n’est pas le sien :  « Je souhaite que l'on ait de moins en moins besoin de vos produits ! Vous avez parlé tout à l'heure de "mauvaises herbes" mais cela n'existe pas en matière de biodiversité ! »




Emeric-Oudin6.JPGLa biodiversité et la science des mauvaises herbes, la malherbologie (oui, oui, la malherbologie existe, il y a des chaires de malherbologie dans les écoles d'agronomie et des unités de malherbologie dans les instituts de recherche) ce n’est pas le rayon de Monsieur Oudin. Aussi, devant tant de science, se sent-il obligé de s’excuser : « J'aurais dû parler d'adventices, d'herbes concurrentes aux productions. »




En matière de biodiversité, les mauvaises herbes, ça n’existe pas ?

Il est certain qu’en biologie et en botanique, les mauvaises herbes, ça n’existe pas. La biodiversité, je ne sais pas ce que c’est, j’en attends toujours la définition scientifique.

Ce qui est également certain c’est que pour Monsieur Joël Labbé, assistant de laboratoire de sa profession avant d’avoir embrassé la carrière politique, la biodiversité est une notion qui s’oppose aux intérêts et au bien-être de l’humanité.



Bourdichon

Car la science de Monsieur Joël Labbé est peut-être grande, mais elle ne va pas jusqu’à savoir que l’agriculture, qui nourrit les hommes depuis environ dix mille ans, c’est la lutte quotidienne contre la biodiversité, du moins telle que l’entend ce petit Monsieur.




Pour la clarté de l'exposé, je distinguerai l’agriculture au champ et l’agriculture en tant que secteur d’activité économique.


L'agriculture au champ


DSC08063-Au champ, quel est l’objectif de l’agriculteur ? Faire pousser, sauf quelques cas agronomiquement justifiés, une seule plante, en obtenir le rendement optimal et pour cela combattre ses concurrents (mauvaises herbes) et ses ennemis (insectes ravageurs, champignons et moisissures, bactéries, virus).

Dans ce combat, les pesticides sont une arme indispensable, même si elle n’est pas la seule.

DSC02734--2--copie-1.jpgParmi les autres armes on peut compter des techniques anciennes, comme la rotation des cultures qui rompt, plus ou moins bien, le cycle de reproduction des parasites, la sélection variétale, dont les techniques efficientes sont relativement récentes (années cinquante en France) et, dernière en date, la transgénèse (OGM).




L'agriculture en tant que secteur d'activité

 

cerisiers en fleurs (4)Pour ce qui concerne l’agriculture en tant que secteur d’activité, on entend la vox ecologistorum prétendre que l’agriculture moderne met en danger la biodiversité en ce sens que seraient cultivées de moins en moins de variétés et que les variétés traditionnelles seraient condamnées à disparaître.

Or, dans ce sens du mot biodiversité, les écolos nous racontent une fois de plus des calembredaines.

Qui fait le plus pour la diversité variétale ? Les sélectionneurs. Pour les seules plantes agricoles ou potagères le catalogue européen compte plus de 34 000 variétés .


variétés2De 1969 à 2005, le nombre de variétés de blé tendre dont plus de cent tonnes sont vendues annuellement sur le territoire français est passé de 30 à 150 et le nombre de celles dont moins de cent tonnes sont vendues annuellement est passé d’une vingtaine à 190.

Et la part de marché des vingt premières variétés vendues est passée de  presque 100 %  en 1974 à moins de 70 % en 2007.

collection2

En outre, au-delà du nombre de variétés commercialisées, les sélectionneurs savent que la création de nouvelles variétés, plus résistantes à telle ou telle maladie, plus adaptées à telle ou telle condition de sol et de climat, plus adaptées à l’évolution du goût des consommateurs, les conduit à conserver le plus grand nombre possible de variétés sauvages ou anciennes, dans lesquelles on ira un jour puiser les caractères recherchés.



coupe (5)


C’est ainsi qu’ont été créées récemment la pomme Ariane et la fraise Gariguette, deux réussites remarquables des sélectionneurs français, variétés ultramodernes auxquelles on a trouvé ces si jolis noms antiques ou fleurant bon le terroir qui plaisent tant aux bobos.


On a du mal à imaginer le nombre de collections de variétés sauvages ou anciennes ainsi constituées et l’âpreté des luttes pour la définition de leur statut, c’est-à-dire du droit d’y accéder. C’est dire si la biodiversité, je veux dire celle des variétés, est considérée comme un enjeu économique et stratégique important, donc comme une source de richesse pour l’humanité.

Comme d’habitude, les écologistes nous bourrent le mou*.

 

* Et le PS leur a offert contre moins qu’un plat de lentilles, à vrai dire contre rien, trente députés dans la prochaine Assemblée Nationale. Pauvre France ! Ajoutez-y une politique économique néokeynésienne totalement inadaptée à une économie mondialisée et vous obtenez un désastre annoncé. Ou bien elle sera appliquée et ce sera la misère, ou bien elle ne le sera pas et cela fera de nombreux déçus. Dans cinq ans la Marine nationale fera aux environs de 25 % au premier tour. Je prends date, et pas pour dans cinquante ans, contrairement aux prédicateurs de l’apocalypse giecienne !

 

NB Maj du 9 mai 2010

Les pop-up qui apparaissent avec certains mots du texte et qui renvoient à une publicité pour Apple ne sont pas de mon fait et sont publiés à l'insu de mon plein gré. Je tacherai de régler ça au plus vite, mais pas demain, avec mon prestataire, Over-blog. Toutes mes excuses à mes lecteurs.


 

Pour en savoir plus

Audition de Monsieur Oudin par la mission d'information sur les pesticides

Présentation de son entreprise par Monsieur Oudin (vidéo, durée 1' 23" )

Le catalogue des variétés sur le site du Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis).

Espace pédagogique du Gnis

Lire aussi

Pesticides, un remarquable rapport parlementaire

Pesticides, le rapport parlementaire (suite)

Chronique des boniments anti-OGM ‒ OGM, brevets, multinationales et agriculteurs

 

DSC08168--2-.jpg

  Rencontre d'une mauvaise herbe et d'un insecte  

 


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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 21:00

 

 

anses3.JPGL’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est née, en 2010, de la fusion de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset).

 

 

 

hamburger - CopieL’Anses vient de publier les résultats d’une étude nationale concernant l’exposition alimentaire aux substances chimiques. Cette étude a consisté à rechercher l’exposition des consommateurs français à un certain nombre de produits chimiques non pas du fait de la consommation de tel ou tel aliment, mais du fait de leur consommation alimentaire globale.

  

 

alimentsCette étude a concerné 212 familles d’aliments qui recouvrent 90 % de l’alimentation des Français.

 

445 substances chimiques ont été recherchées, dont 12 minéraux ne nécessitaient pas d’évaluation toxicologique.

 

 

pesticides (2)

 

C’est donc 433 substances qui ont été recherchées pour une évaluation toxicologique, parmi lesquelles on comptait 283 substances actives utilisées dans les pesticides.

 

 

 

Pour l’Anses, de manière générale, les résultats témoignent d’un bon niveau de maîtrise sanitaire au regard des seuils réglementaires et des valeurs toxicologiques disponibles.

 

dosage2

 Pour 72 substances, il n’a pas été possible de conclure quant au risque, soit du fait de l’absence de valeur toxicologique de référence soit du fait de méthodes analytiques insuffisamment puissantes pour caractériser complètement les expositions. Sur ces 72 substances 38 sont des résidus de pesticides.

 

 

Sur les 361 substances qui ont pu être évaluées, il y a 307 substances dont le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence a pu être écarté pour l'ensemble de la population.

 

Café (4)Pour 15 % des substances évaluées, le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence ne peut être écarté pour certains groupes de consommateurs. Parmi ces substances ou familles de substances on note d'abord les métaux, mais aussi les PCB, les dioxines, l’acrylamide (résultant de la cuisson, notamment des fritures et de la torréfaction du café), les sulfites.

 

Ne sont concernés par le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence que les gros consommateurs des produits contenant ces substances.

 

saumon

 

Les gros consommateurs de poisson gras pour les dioxines et les PCB.

 

Thon (2)

 

Les gros consommateurs de thon pour le méthylmercure.

 

 

frites (2)Les gros consommateurs de fritures et les gros buveurs de café pour l’acrylamide.

 

DSC01800

 

Les gros buveurs de vin et/ou de certains alcools pour les sulfites.

 

 

 

cerisiers (2)

Sur les 245 substances pesticides qui ont pu être évaluées, une seule se trouve parmi les substances dont le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence ne peut être écarté pour certains groupes de consommateurs. Il s’agit du diméthoate, utilisé contre la mouche de la cerise.

 

 

 

cerises3

 

Cependant le risque de dépassement doit être relativisé au regard de la consommation effective de ce fruit tout au long de l’année. Il ne concerne au plus que 0,4 % des adultes et 0,6 % des enfants.

 

 

 

cerisier (2)

 

Compte tenu des grandes marges de sécurité avec lesquelles sont arrêtés les seuils toxicologiques de référence, personnellement tout ça ne m’empêchera pas de continuer à manger des cerises à la belle saison !

 

 

 

Pour en savoir plus

Résumé de l'étude  

L'étude complète : 

Premier tome (344 pages)  

Deuxième tome (401 pages)

 

 

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 00:47

 

 

Capturer2 

Dans sa contribution au rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques dont j’ai parlé dans mon article du 29 mai dernier, le groupe animé par les Professeurs Maurice Tubiana, André Aurengo et Paolo Boffetta a abordé cinq questions.

 

 

Caducee

 

Après l’impact sanitaire des pesticides, je résumerai ici la façon dont les auteurs envisagent les deux questions qu’ils abordent ensuite. 

 

 

 

Peut-on se passer des pesticides ?

 

araire en fer

 

 

La nécessité de protéger les cultures de leurs ennemis est aussi ancienne que l’agriculture elle-même.

 

 

 

   

coquelicots (16)En effet, les ennemis des cultures sont très nombreux : champignons, bactéries, virus, arthropodes, nématodes, oiseaux, rongeurs, mollusques, mauvaises herbes, etc. Ils sont susceptibles de diminuer fortement les récoltes et d’en altérer la qualité.

  

 

bio

 

Le rôle des produits de protection est de diminuer l’impact de ces agressions. À ce jour, aucune agriculture développée dans le monde, y compris l’agriculture biologique, n’a réussi à s’en passer.

  

 

 

 

 

pesticides

 

Les produits de protection des cultures, moyen moderne de cette lutte pour la vie, constituent un ensemble très varié de substances chimiques ou d’agents biologiques. On peut les classer selon leurs fonctions (fongicides, insecticides, herbicides…), selon leur nature chimique (substances minérales, organométalliques, organiques…), selon leur mode d’élaboration (extrait végétal, mimétique de substance naturelle, produit de fermentation, chimie de synthèse…) etc.

 

 

Cette extrême diversité de nature et de fonction vide de son sens toute critique globale a priori. Il n’y a pas de corrélation entre l’origine de ces substances, leur toxicité ou leur écotoxicité.

 

pesticides-applicateur.jpgAujourd’hui, une substance n’arrive entre les mains de l’utilisateur que dix à douze années après sa découverte, délai minimum nécessaire à la réalisation d’une longue série d’études concernant l’homme et l’environnement. Ces précautions mettent les consommateurs à l’abri d’intoxications chroniques. Néanmoins la manipulation est l’épandage de ces substances ne sont pas anodins pour l’applicateur.

 

 

riz (2)La population mondiale qu’il faudra nourrir passera de 6,5 milliards d’habitants aujourd’hui à 9,5 milliards avant 2050. Il faudra accroitre encore plus rapidement la production alimentaire, afin de mieux nourrir une fraction importante de l’humanité actuellement sous-alimentée et éviter de mettre en culture trop d’espaces vierges. Cela implique non seulement le maintien de rendements élevés mais leur augmentation sur les terres déjà cultivées.

 

 

moissonneuse-batteuse--27-.jpgOr, sans pesticides les rendements diminuent fortement. En effet les pesticides préservent de chutes de rendements allant de 20 à plus de 50 %. La protection des cultures est déterminante pour rentabiliser les investissements (semences, engrais, machinisme, irrigation, main d’œuvre…) nécessaires pour accroître la productivité.

 

 

 

Quelles seraient les conséquences d’une diminution de 50% de l’utilisation des pesticides en France ?

 

Borloo4.JPG

 

Un des objectifs assignés par le Grenelle de l’Environnement est de diminuer de 50 % l’usage des pesticides dans un délai de dix ans.

 

  

La mise en œuvre d’une directive européenne de 1991 a déjà éliminé bon nombre des 984 substances qui existaient dans l’UE en juillet 1993. Au terme de ce processus la pharmacopée sera réduite à moins de 250 substances fin 2010. C’est donc essentiellement sur ce reliquat que s’appliquerait la diminution de 50 % projetée. Ce genre de politique fragilise la protection et accroît le risque de résistances.

 

blé (12)C'est ce qui s'est passé au Danemark où, au terme d’une politique d’éviction, ce pays, auparavant autosuffisant en blés panifiables, en importe aujourd’hui la quasi-totalité et ne produit plus que des blés fourragers et du maïs destinés à l’alimentation animale, moins exigeants en produits de protection.

 

mais-epi.jpg

 

Les normes de qualité relatives à la présence de mycotoxines (toxines hautement cancérigènes produites par des champignons parasites) dans les produits alimentaires entrent actuellement en vigueur. Elles peuvent affecter les céréales et le maïs bien au-delà de 10 % de la production nationale.

 

 

pommes.jpgL’intensification des travaux mécaniques voire le recours à des sarclages manuels pour remplacer le désherbage chimique, des réfactions à la récolte, une augmentation des pertes au transport, la moindre tenue des produits frais à l’étalage, impacteraient les coûts alimentaires et toucherait d’abord les fruits et légumes, productions fragiles dont les nutritionnistes conseillent au Français, pour leur santé, d’augmenter la consommation.

 

Une surenchère purement nationale conduisant à éliminer un grand nombre de substances ayant satisfait par ailleurs aux normes européennes – les plus sévères au monde – amènera à délocaliser ces productions vers d’autres pays de l’Union ou du monde.

 

img008-Porto.jpgOr, dans tous les pays développés, les enquêtes sur les résidus dans les produits frais montrent des taux de dépassement plus élevés sur les produits importés, très souvent en raison des différences de réglementation d’un pays à l’autre. Le nombre de cas de dépassement devrait donc s’accroître.

 

 

chrysomele.jpgAvec la croissance des échanges intercontinentaux, la pression des organismes nuisibles est en constante évolution. Pour les seuls ravageurs des cultures, quarante-et-une espèces nouvelles ont été introduites sur le territoire français entre janvier 2000 et juin 2005. Cette mondialisation du parasitisme nécessite de maintenir disponible une gamme de produits diversifiés pour faire face à des situations imprévues.

 

 

dollarLa difficulté d’obtenir l’autorisation pour de nouveaux produits de protection des plantes et les coûts de la recherche ont beaucoup ralenti la création de nouveaux moyens ces dernières années. En 2000, les industriels estimaient qu’amener sur le marché une seule substance active coûtait aux alentours de 184 millions de dollars US et signalaient le net ralentissement de l’innovation depuis cinq ans.

 

 

Pour en savoir plus

Le rapport parlementaire

 

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Van Gogh,2 champ de blé avec vol de corbeau, Amsterdam

 

 

 

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 01:02

 

DDT (3)

 

En France, on a du mal à imaginer la violence de la guerre idéologique livrée depuis presque cinquante ans autour d’un produit, le DDT.

 

 

 

carte-anopheles.jpg

 

Le champ de bataille est situé pour l’essentiel aux États-Unis et les victimes, surtout des enfants, dans le tiers-monde.

 

Mexico 1939

 

 

Avant la découverte du DDT au début des années 40, plus de trois millions d'hommes mouraient chaque année du paludisme.

 

 

 

DDT soldat

 

 

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale le DDT a permis d’épargner des millions de vies humaines.

 

 

  

 

 

corse cote orientale

 En Corse, après la dernière guerre l’armée américaine éradique le paludisme de la plaine orientale grâce à l'épandage de DDT.

En Grèce, autre exemple, un programme commencé en 1946 fit tomber en trois ans le nombre de cas de deux millions à environ cinquante mille.

  

 

Anopheles albimanusEn 1960, un milliard et demi de personnes vivaient dans des zones anciennement impaludées dont le DDT avait éradiqué le fléau. En 1969, l'éradication était chose faite dans trente-six des cent quarante-six pays insalubres. Dans cinquante trois d'entre eux, le programme d'éradication était en pleine expansion, et vingt-sept autres pays se mettaient à la tâche.

 

Silent-spring.jpg

 

En 1962, la romancière américaine Rachel Carson publie le livre intitulé Silent Spring (Printemps silencieux), dans lequel elle accuse à tort le DDT d'être nuisible pour les hommes, les animaux et l'environnement. Les campagnes que lancèrent alors les mouvements écologistes aboutirent à l’interdiction du DDT aux États-Unis et à des prohibitions en cascade. Le bilan de cette interdiction se calcule en millions de morts.

 

 

 

OMS.jpg

 

En 1967, l'OMS modifiait ses objectifs : il n'était plus question d'« éradication », mais « de contrôle de la maladie, là où c'était possible ». Quelque 63 pays, qui avaient engagé d'énormes dépenses, abandonnèrent la lutte.

 

 

Pourtant en 1969 le directeur de l’OMS déclarait encore : « Le produit est tellement sûr que nous n'avons jamais rencontré de syndrome d'empoisonnement chez nos 130 000 épandeurs, ou parmi les 535 millions d'habitants des maisons traitées. Aucune toxicité ne s’est manifestée dans la population animale sauvage des pays participant à la lutte antipaludéenne.

Plasmodium-.jpg

 

L'OMS n'a aucune raison d'abandonner ce produit qui a sauvé des millions de vies humaines, et si on cessait de le fabriquer il y aurait des milliers de morts et des millions de malades. Il a été utile pour au moins 2 milliards de gens sans coûter une seule vie humaine par intoxication. L'arrêt de l'usage du DDT serait un désastre pour la santé mondiale ».

  

 

DDT 3D

 En 1970, l'Académie des Sciences américaine a fait cette déclaration officielle : « L'homme n'a jamais contracté une dette aussi énorme envers un produit chimique que celle qu'il doit au DDT. On estime que le DDT a sauvé 500 millions de vies humaines en un peu plus de deux décennies, vies que la malaria aurait emportées, et d'une manière inévitable ».

 

En dépit des preuves scientifiques de l'innocuité du DDT sur les humains, l'Agence pour la protection de l'environnement américaine interdit le DDT en 1972.

 

Après la suppression du DDT aux États-Unis, les organisations activistes ont mené campagne pour en interdire l'exportation.

  

Anopheles stephensiCette campagne finit par aboutir en 1986 à ce que l’administration Reagan suspende l’aide financière des États-Unis aux programmes de lutte contre la paludisme à tous les pays qui faisaient usage d'insecticides interdits par le gouvernement américain, dont le DDT. Les pays incapables de mettre en œuvre leurs programmes sans l'aide financière des États-Unis furent empêchés de les réaliser.

 

  

Anopheles Gambiae

 

Au début des années 2000, des pays comme l’Afrique du Sud et l’Ouganda passent outre à la réprobation de l’OMS et aux pressions américaines et relancent des programmes de lutte contre le paludisme utilisant le DDT.

 

 

Bush Ground Zero

 

En juin 2005 le président George W. Bush met un terme à la politique restrictive de son pays en lançant la President Malaria Initiative.

 

 

 

Le 15 septembre 2006, l'Organisation mondiale de la santé annonce que le DDT allait à nouveau jouer un rôle important dans son combat contre la malaria et recommande désormais activement la pulvérisation de cet insecticide à l'intérieur des habitations.

 

panint logoBien qu’aujourd’hui le DDT ne soit plus, comme après guerre, épandu en plein air mais sur les murs intérieurs des habitations, il fait toujours l’objet d’une contestation virulente de la part d’organisations écologistes comme le Pesticide Action Network.

 

Sans titre - 4

 

 

Mais le président Barack Obama maintient le cap fixé par son prédécesseur.

 

 

  

 

mortsEn comptant que les restrictions à l’utilisation du DDT pendant vingt ans ont conduit à une moyenne de deux millions de morts annuelles qui auraient pu être évitées et ne l’ont pas été, on voit que Rachel Carson et les écologistes qui ont mené les campagnes contre le DDT ont plus de victimes sur la conscience que bien des criminels contre l’humanité.

 

  

Pour en savoir plus

 

L'interdiction du DDT a tué des millions d'hommes, J. Gordon Edwards, décembre 1993 : version intégrale ou larges extraits

Désinformation, paludisme et DDT, Jean Brissonnet, décembre 2003,

L’OMS préconise la pulvérisation de DDT à l’intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme, Jean Brissonnet, août 2009

DDT, paludisme et journée mondiale de la terre, Gil Rivière-Wekstein, juin 2010

 

Lire aussi 

 

Les écologistes n'aiment pas l'humanité

 

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 00:00

 

 

On lit un peu partout, sur des sites d’information générale, sur des sites visant plus spécialement l’information des consommateurs, ou encore sur des sites environnementalistes, que la France est en Europe le pays qui utilise la plus grande quantité de pesticides. On dit qu'elle est le premier utilisateur de pesticides.

 

Sans titre - 4

 

C’est le genre de chiffre destiné à faire peur et à laisser entendre que, puisque les autres en utilisent moins que nous, on devrait être capable d’en faire autant.

 

 

 

img014 (2)

 

 

C’est oublier que la France est le premier producteur agricole européen et celui dont la surface agricole est la plus étendue.

 

 

 

Labourage

 

Si l’on rapporte la quantité de pesticides utilisée à l'hectare de terre arable, la France n’occupe plus que la quatrième place dans l’Union européenne.

 

 

labour2

 

 Ah ! Là, un volume à l’hectare, c’est un chiffre qui veut dire quelque chose et qui est utile au discours des anti-écolos comme moi. Que nenni, ma foi !

 

 

 

img089

La consommation de pesticides dépend également de la nature des cultures : les cultures maraîchères, fruitières, horticoles et viticoles, couramment regroupées sous le terme de « cultures spéciales », sont nettement plus dépendantes des pesticides chimiques que les grandes cultures telles que les céréales à paille, le maïs, le colza…

 

 

Ravello--citronniers-enterrases--6-.jpg

 

Les pays de l'Union européenne les plus consommateurs de substances actives à l’hectare de surface cultivée sont les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie, pays très orientés vers l'horticulture et le maraîchage et, pour l'Italie, également vers l'arboriculture et la viticulture.

 

 

En outre, le volume de substances actives épandu dépend de la nature des substances utilisées.

 

vigneC’est ainsi qu’en France la vigne, qui représente très peu en surface, participe pour 20 % à la consommation nationale de produits phytosanitaires. La raison essentielle en est l’usage très important de soufre et de cuivre qui sont deux matières actives utilisées à des doses par hectare élevées dans la lutte contre des maladies qui s’attaquent plus spécifiquement à la vigne.

 

 

oliviers, Lefkes

 

Enfin, la vulnérabilité aux ennemis des cultures, et donc l'utilisation de pesticides, est très liée au climat, la chaleur et l’humidité leur étant généralement favorables. En Europe les pays du nord sont froids et ceux du sud sont secs !

 

 

 

Voilà, voilà, voilà… Juste pour dire que les chiffres peuvent être aussi trompeurs qu’une bonne vieille figure de rhétorique savamment concoctée !

 

 

Pour en savoir plus 

Rapport parlementaire "Pesticides et santé", pages 13 à 17 

 

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 00:32

 

Le Luxembourg

 

Le 29 avril 2010 la présidence du Sénat et la présidence de l’Assemblée Nationale ont enregistré un rapport que leur a remis l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, signé par MM. Claude Gatignol, député, et Jean-Claude Étienne, sénateur, intitulé PESTICIDES ET SANTÉ

 

 

Capturer

 

À tous ceux qui s’intéressent à la question des pesticides, je ne saurais trop en recommander la lecture, longue certes, mais la qualité de sa rédaction en fait un document dans l’ensemble facile à lire.

 

 

 

Sans titre - 3Ce rapport a été vilipendé par les organisations environnementalistes pour qui le militantisme obtus tient lieu d’intelligence. Les parlementaires chargés de ce rapport ont entendus les meilleurs spécialistes du sujet, scientifiques, fonctionnaires, professionnels.

 

 

Sans titre - 2Ils on rapporté des informations intéressantes sur la façon dont la question est traitée en Californie, État à la pointe du progrès scientifique, technique, réglementaire et administratif en la matière.

 

 

fruits2

 

Très grossièrement résumé, mais j’y reviendrai de façon plus approfondie à d’autres occasions, les inquiétudes sanitaires soulevées par les pesticides ne concernent pas les consommateurs mais les utilisateurs, c'est-à-dire, le plus souvent, les agriculteurs.

 

 

 

vigneConcernant les utilisateurs, dans le très bref résumé présenté par le site de l’Assemblée nationale, on peut notamment lire :

« Contre toute attente, les analyses biologiques prouvent que le niveau d'exposition aux pesticides ne dépend pas de la quantité de pesticides utilisée ou de la surface traitée mais de la méthode d'application et du niveau de protection des utilisateurs. »

 

Les parlementaires de l’OPECST ont entendu les Professeurs Maurice Tubiana, André Aurengo et Paolo Boffetta qui ont participé à la rédaction du rapport « Les causes du cancer en France », publié en 2007 par le Centre international de recherche sur le cancer.

 

Hermes au caducee

 

Après leur audition ces trois personnalités ont créé un groupe de travail composé de membres de l’Académie nationale de Médecine et de membres de l’Académie d’Agriculture de France et ont remis la contribution de celui-ci, qui n’engage que les membres de ce groupe.

 

Les parlementaires ont jugé bon de reproduire intégralement (pages 60 à 78 du rapport) cette contribution qui aborde cinq questions, d’ordre sanitaire et agricole.

 

 

Bles

 

En effet « Les risques pour la santé des produits phytosanitaires utilisés en France sont souvent très surestimés, alors que leurs avantages sont très sous-estimés. En effet, il est pratiquement impossible de ne pas les utiliser sous peine d’une baisse massive des rendements. »

 

 

Aujourd’hui, je vais tâcher de résumer le plus clairement possible la première question, celle de l’impact sanitaire des pesticides.

 

Rat.jpg

 

 Concernant la toxicité aiguë, les substances les plus toxiques appartiennent aux familles des organophosphorés et des carbamates, plus rarement des anticoagulants utilisés comme raticides. Ce sont ces produits qui sont à l’origine de la plupart des intoxications professionnelles en France.

  

 

Hôtel DieuLes enquêtes de la Mutualité sociale agricole (MSA) révèlent que 20 % des applicateurs ont été victimes un jour ou l’autre de troubles imputés aux pesticides. Le bilan établi par la MSA pour l’année 2004 comptabilise 195 cas d’intoxication dus aux insecticides, aux fongicides et aux herbicides. En tout, 22 % avaient dû être hospitalisés.

Les centres anti-poison relèvent 5000 à 10 000 alertes par an concernant les pesticides.

La toxicité aiguë résultant d’une mauvaise utilisation ou d’un usage accidentel des pesticides ne concerne donc qu’un contingent faible des maladies professionnelles et des accidents domestiques.

 

Les effets tardifs, résultant notamment de la toxicité chronique, sont plus difficiles à cerner. En dehors des effets cancérogènes, trois types d’effets sont l’objet d’attention particulière : les troubles neurologiques, les troubles de la reproduction et du développement, les perturbations endocriniennes.

 

DDTLa neurotoxicité est le mécanisme d’action toxique majeur de beaucoup d’insecticides organophosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes, et historiquement des organochlorés. Ces effets aigus n’ont été observés chez l’homme qu’après des intoxications massives (suicides notamment).

 

fecondation

 

Des effets toxiques sur la spermatogenèse ont été observés chez les professionnels appliquant différents produits actuellement interdits d’usage.

 

 

 

Des effets perturbateurs endocriniens pourraient théoriquement être à l’origine de pathologies tumorales, de la reproduction ou du système immunitaire. Bien que cette hypothèse soit biologiquement plausible, aucune preuve n’existe actuellement que certains pesticides présents dans l’environnement puissent être à l’origine de ces pathologies chez l’homme.

 

crabes

 

L’étude des effets cancérogènes des pesticides fait l’objet d’une abondante littérature scientifique et de nombreux rapports.

 

 

vigne (2)

 

Très peu de pesticides actuellement utilisés sont cancérogènes chez l’animal ; à part l’arsenic, aucun n’a fait la preuve de sa cancérogénicité chez l’homme, même après exposition massive.

  

 

Les données disponibles ne mettent en évidence aucun pesticide pour lequel une relation de cause à effet serait établie selon les critères habituellement utilisés : forte relation dose-effet, absence démontrée de facteurs de confusion ou de biais, résultats concordants dans plusieurs études.

 

millet l'angelus

 

 

Aux États-Unis on observe globalement un déficit du nombre de cancers d’environ 10 % chez les agriculteurs et leurs conjoints comparés à la population générale.

 

 

 

tabac

 

Cette sous-incidence concerne des cancers liés au tabac (poumons, œsophage, vessie) mais également les cancers du foie, du colon et des reins.

 

 

 

 On observe une sur-incidence des cancers cutanés et des lèvres (exposition au soleil), de l’estomac, du cerveau, de la prostate, des lymphomes, des myélomes multiples et de certaines leucémies.

 

boucherie-charcuterie.jpg

 

Ces variations sont probablement multifactorielles, avec un rôle possible de virus provenant de contacts avec les animaux, la sur-incidence des lymphomes étant également retrouvée chez les personnels des abattoirs et les bouchers. On espère que des études en cours, notamment en France, apporteront un éclairage sur ces questions.

 

 

 

 

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