Après que son article sur les rats monstrueux nourris aux OGM a été retiré par la revue qui l’avait publié, Séléralini vient de produire, dans une encore plus obscure revue, les résultats d’une prétendue étude sur la toxicité des pesticides.
En résumé, les produits pesticides seraient beaucoup plus toxiques que leurs principes actifs. En effet, un pesticide est constitué d’un principe actif et d’adjuvants facilitant son activité (agents mouillants notamment).
Or :
1° Selon Séléralini, avant mise sur le marché, seuls les effets de la substance active seraient évalués et non ceux des produits commercialisés, dans lesquels ont été ajoutés les adjuvants.
2° L’étude a été réalisée in vitro sur cellules humaines.
Ce faisant Séléralini propage deux contrevérités.
En effet :
1° Madame Pommaret, directrice générale de l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes), a déclaré que « les produits mis en vente (substances plus coformulants) sont évalués au préalable dans le cadre de la réglementation européenne, contrairement à ce qui a été affirmé à l'occasion de la communication de ces travaux ».
De plus, « tous les pesticides étudiés dans la publication ont déjà été pleinement évalués avec des études de toxicité in vivo » autrement dit sur des animaux vivants, et non in vitro, sur des cellules en cultures. « Ces études sont obligatoires et doivent confirmer l'absence d'augmentation significative de la toxicité de la formulation par rapport à la toxicité de la substance active seule. » précise-t-elle.
2° En 2009, à propos d’une « étude » du même Séléralini sur la toxicité du Roundup, désherbant bien connu des agriculteurs et des jardiniers, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd’hui fusionnée avec un autre organisme pour former l’Anses) avait formellement invalidé la méthode consistant à mettre des cellules en culture dans une solution pour évaluer la toxicité de ladite solution. Sur ce point Monsieur Séléralini est donc un récidiviste de la contrevérité.
En principe une culture cellulaire bien conduite doit être effectuée à pH 7,4 donc légèrement alcalin. On imagine les résultats d’une culture cellulaire dans du vinaigre ou du jus de citron et la toxicité de ces produits qu’ils démontreraient, alors que nous les ingérons quotidiennement sans danger.*
Je me demande si la réaction de la directrice de l’UIPP est à la hauteur de la peur que les déclarations tonitruantes de Séléralini provoquent dans l’opinion. Ne serait-il pas temps de passer à la vitesse supérieure et de dénoncer le dévoiement de la science et la fausse monnaie séléralinienne ?
* Pour ceux qui ont une connaissance des pratiques de laboratoire, on peut ajouter que la solution était additionnée d'un solvant (DMSO) qui perturbe la membrane cellulaire, qui facilite son franchissement et augmente donc très fortement la mesure de la toxicité du produit testé. En outre, sur plusieurs autres points la manip n'est pas conforme aux bonnes pratiques de la culture cellulaire.
L'étude rapportée par La France Agricole
La déclaration de Madame Pommaret dans La France Agricole
L'avis de l'Afssa du 26 mars 2009
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