Il y a quelques semaines, fin octobre, France 3 Languedoc-Roussillon consacrait un sujet aux moustiques intitulé "Il va falloir vivre, à nouveau, avec les moustiques".
On y apprend "qu’anéantis par des campagnes massives de traitements chimiques entre 1970 et 1995, les moustiques des marais étaient devenus rares en Camargue et plus largement sur notre littoral. Mais avec la démoustication raisonnée des années 2000, ils réapparaissent progressivement."
Autrement dit les campagnes massives de traitements chimiques avaient débarrassé la région des nuisances de cet animal indésirable et permis de développer une activité touristique balnéaire jusque là rendue impossible par la pullulation de ces insectes à la belle saison.
Aujourd’hui, la démoustication raisonnée suscite la réapparition progressive de la bête ! On se demande si elle est si bien raisonnée que ça ! En vérité, prétendument ciblée, elle rencontre de grandes difficultés dans le repérage de tous les lieux de ponte et de développement des larves. Il y en a toujours qui échappent à l’observation même la plus vigilante.
Il faut savoir qu’une espèce de moustique, Aedes albopictus, le moustique tigre, originaire d’Asie du sud-est, est maintenant présent dans une bonne partie du midi de la France et remonte vers le nord par la vallée du Rhône. Il a colonisé la Corse, les Alpes-Maritimes, le Var, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Gard, l'Hérault. Il a aussi été détecté en Ardèche, dans l'Aude, les Pyrénées-Orientales.
Or le moustique tigre compte parmi les espèces de moustiques qui transmettent à l’homme deux maladies sévères, la dengue et le chikungunya.
Les autorités craignent l’apparition sur le territoire métropolitain de ces maladies, autrefois réservées aux régions tropicales et surveillent attentivement la progression du moustique tigre sur le territoire.
Le trafic routier étant le principal propagateur de ce moustique, des pièges sont installées sur les aires d’arrêt des axes autoroutiers, permettant d’en repérer la présence et d’estimer l’évolution de la population.
Le chikungunya se manifeste par une très forte fièvre, suivie d'un érythème, de courbatures très douloureuses et de vives douleurs des articulations qui obligent à garder le lit. L’épisode peut s’accompagner de douleurs abdominales et de diarrhée. Les douleurs articulaires peuvent persister ou réapparaître pendant plusieurs mois, jusqu’à plus d'un an. Une fatigue peut se poursuivre au-delà d'un an. La mortalité est d'environ 1 pour 1 000 cas, touchant les personnes les plus fragiles, nouveau-nés, personnes âgées, personnes atteintes d’autres maladies.
En 2005 et 2006, une épidémie de chikungunya a fait à la Réunion 266 000 victimes de la maladie et 243 décès, pour une population de l’île d’environ 800 000 habitants.
La dengue est une infection virale endémique des pays tropicaux. Elle entraîne classiquement fièvre, mal de tête, douleurs musculaires et articulaires, fatigue, nausées, vomissements et éruption cutanée. La guérison survient généralement en une semaine. Il existe des formes hémorragiques ou avec syndrome de choc, rares et sévères, pouvant entraîner la mort. Ces dernières années la forme hémorragique connaît, dans le monde, un essor certain.
En 2013 la Guyane française a connu une épidémie de dengue au cours de laquelle on comptait, fin septembre 11 650 cas cliniques dont 3905 biologiquement confirmés, 545 hospitalisation et 5 décès, pour une population de 240 000 habitants.
En 2007, l'Italie a connu une épidémie de chikungunya qui a touché 3000 personnes dont une est décédée
A ce jour, en métropole seuls quatre cas autochtones, autrement dit contractés sur le territoire métropolitain - deux cas de dengue et deux cas de chinkungunya - ont été observés, en 2010, dans les Alpes-Maritimes. Sous nos latitudes, en cas d'épidémie, la transmission du virus, en l'absence de moustiques adultes, serait interrompue pendant l'hiver, ce qui serait un avantage dans sa limitation.
En attendant,
Vive la remoustication !
Et bon réveillon à tous !
Pour en savoir plus :
L'article de France 3
Un article du Midi Libre
Institut de veille sanitaire : l'épidémie de chikungunya à la Réunion
Le quotidien du médecin : l'épidémie de dengue en Guyane