Dans l'article Non, l'agriculture biologique ne peut pas nourrir l'humanité j’avais comparé les rendements français des cultures de blé, maïs et orge, en culture bio et tous modes de production confondus.
Les statisticiens français n’établissent pas encore de rendements isolément pour les seules cultures conventionnelles. Comme les surfaces en bio sont faibles, on peut considérer qu’elles influent peu sur le rendement moyen tous modes de production confondus et que celui-ci approxime de façon très satisfaisante le rendement en culture conventionnelle.
En tout état de cause, si je me trompais et que cette influence sur le résultat moyen soit significative, cela voudrait dire que le rendement en culture conventionnelle est plus élevé que cette moyenne relatée dans les statistiques.
J’ai trouvé une actualisation des données pour les années 2010 et 2011. J’ai donc pu constituer un tableau regroupant l’évolution de ces rendements pour les années 2008, 2010 et 2011.
Quintaux par hectare et % | 2008 | 2010 | 2011 |
Blé tendre |
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Bio / France | 31 | 32 | 32 |
Tous modes de production / France | 73 | 73 | 68 |
% rendt bio/rendt tous modes de prod. | 43 % | 44 % | 47 % |
Maïs |
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Bio / France | 66 | 58 | 54 |
Tous modes de production / France | 95 | 90 | 105 |
% rendt bio/rendt tous modes de prod. | 70 % | 64 % | 51 % |
Orge |
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Bio / France | 29 | 31 | 30 |
Tous modes de production / France | 69 | 64 | 60 |
% rendt bio/ rendt touss mode de prod. | 42 % | 48 % | 50 % |
On voit que depuis mon article d’octobre 2009 les choses n’ont pas fondamentalement changé et que ma conclusion d’alors reste valide :
Comment nourrir le monde avec des rendements deux fois plus faibles ?
Je profite de cette mise à jour pour aborder un autre point que les écolos nous assènent régulièrement et qui est une contrevérité : les produits issus de l’agriculture biologique seraient plus sains et plus sûrs que les produits issus de l’agriculture conventionnelle.
C’est une contrevérité pour une raison très simple : c’est faux et, de la même façon que les chaussettes de l’archiduchesse sont archi-sèches, c’est archi-faux !
Beaucoup de produits issus de l’agriculture biologique sont plus risqués que les mêmes produits issus de l’agriculture conventionnelle.
Exemples
Certains champignons qui s’attaquent aux céréales, sur pied, ou en grain dans les silos de stockage, produisent des toxines qui ont, selon les cas, des effets cytotoxiques, tératogènes et cancérigènes. Les plus célèbres sont les aflatoxines, cancérigènes à très faibles doses. L’aflatoxine B1, produite notamment par la moisisssure Aspergillus flavus est le plus puissant agent cancérigène connu du foie.
Au champ, les attaques d’insectes, qui blessent les tissus végétaux favorisent le développement des moisissures.
Au silo, les conditions de température et d’humidité sont déterminantes pour le développement des moisissures mais, ces conditions remplies, les insectes et les rongeurs facilitent les attaques.
La patuline est un puissant neurotoxique produit par une moisissure s’attaquant notamment aux pommes. Le développement de cette moisissure est favorisé par les attaques de certains insectes. La patuline se retrouve dans le jus de pomme. Les jus contaminés n'ont ni goût particulier, ni modification d'aspect. Les jus fermentés, cidres, en sont exempts (décidément les alcoolophiles bénéficient de la bienveillance de dame nature car, si l’alcool tue lentement, ils ne sont pas pressés !)
Il est clair que dans ces deux cas, s’interdire l’utilisation de fongicides, d’insecticides et de raticides efficaces ne peut que favoriser les accidents liés au développement opportuniste de moisissures.
Pour un certains nombre de produits, comme les légumes poussant au contact du sol ou les graines germées, l’utilisation de composts pas toujours confectionnés selon les règles de l’art, ou de façon pas toujours étroitement contrôlée, ne peut que favoriser le risque de contamination par des bactéries Escherichia coli, communément présentes dans les intestins des mammifères, dont certaines souches sont extrêmement nocives, voire mortelles, pour l’homme.
On devrait plus souvent se rappeler la contamination due aux graines germées de fenugrec bio, qui a fait récemment cinquante trois morts en Europe et plus de huit cents malades atteints de séquelles graves et irréversibles les condamnant à être dialysés le restant de leur vie.
Les militants de l’agriculture biologique prétendent qu’avec un mode de production moins intensif et sans pesticides un certain équilibre écologique s’établit, défavorisant le développement de moisissures nocives. Cela relève de la pensée magique. Il est bien établi que les accidents sanitaires dus à l’alimentation étaient considérablement plus fréquents aux époques où les moyens modernes, fondements de l’agriculture intensive, n’existaient pas.
Une étude réalisée aux Pays-Bas en 2001 a montré que les œufs bio dépassaient dans trois cas sur huit la norme autorisée pour les dioxines, alors que cela ne se présentait jamais pour les œufs de poules élevées en bâtiment.
Cela s’explique parce que les poules « bio » sont élevées en plein air et que le picorage en plein air les conduit à ingérer les dioxines issues de la pollution atmosphérique déposée sur le sol. Bon, il reste à prouver que le dépassement de la norme présente un danger. Personnellement j’en doute, mais les écolos-bios ?
Je ne raconte pas tout ça pour propager un climat de peur ni pour dissuader de consommer des produits bio, juste pour relativiser la propagande des militants du tout bio, propagande injuste, jusqu’à en être diffamatoire, à l’encontre des produits de leurs concurrents de l’agriculture conventionnelle.
Bien entendu ce sont les militants du bio qui accusent les gens qui ne pensent pas comme eux de défendre des thèses au service d'intérêts économiques et commerciaux.
Il est bien évident, en revanche, que La Vie Claire, Biocoop, Lemaire Boucher, les Amap bio, les agriculteurs bio, n’ont aucun intérêt économique ni commercial à défendre les thèses de l’agriculture biologique ! Ce sont les seuls agriculteurs, industriels et commerçants désintéressés au monde !
Pour en savoir plus
Enquête France Agrimer rendements et variétés céréales bio
Les mycotoxines du blé vues par l'Universisté du Havre
La patuline vue par le service régional de la protection des végétaux de Haute-Normandie
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