Près d’Argenton-sur-Creuse, charmant bourg du Berry, sur le territoire de la commune de Saint-Marcel, le site gallo-romain d’Argentomagus a donné lieu à des fouilles et suscité la création d’un remarquable petit musée.
On trouve à Argentomagus les restes d’un théâtre et ceux, bien conservés, d’une fontaine, dont on ignore si elle ne jouait qu’un rôle d'approvisionnement en eau ou avait aussi une fonction rituelle.
Je ne sais pourquoi, sa contemplation m’a évoqué la piscine de Bethesda à Jérusalem, où je ne suis jamais allé, dont il est question dans les Évangiles, où Jésus guérit un paralytique en prononçant cette parole : « Lève-toi, prends ton grabat, et marche ». Une histoire racontée avec beaucoup de talent par Jean (5, 1-16).
Dans le musée ont admire toutes sortes d’objets de la période gallo-romaine.
Stèles funéraires,
Statuettes de dieux
Et de déesses.
Objets de la vie quotidienne.
Objets décoratifs.
La région étant riche en sites archéologiques préhistoriques, le musée leur est également consacré, d’une façon fort évocatrice du mode de vie de nos ancêtres. Il court du paléolithique ancien au néolithique, soit d’il y a plus d'un million d’années à il y a seulement quelques milliers d’années.
Un petit film remarquable montre le façonnage des outils de ces époques, façonnage réalisé sous nos yeux par un archéologue de notre temps.
Façonnage d’un biface (paléolithique ancien).
Fabrication d’outils selon la technique dite du nucléus (paléolithique un peu plus récent).
Façonnage d’une hache polie (néolithique) et abattage d’un arbre avec cette hache.
Allumage du feu par la percussion de marcassite par un silex (paléolithique, il y a environ quatre à cinq cent mille ans) ou par la technique, plus récente, de la friction de deux morceaux de bois.
Façonnage d’une sagaie.
De ce petit film très simple et très parlant, on tire le sentiment que le désir d'améliorer son sort et le bien-être des siens par le progrès technique est constitutif de l'humanité depuis l'origine la plus reculée.
L'ingéniosité apparait ainsi comme un attribut du seul genre humain, au même titre que le langage articulé, les rites funéraires, le sens esthétique, la conscience réflexive ou l’aptitude au sens moral, toutes choses qui le distinguent radicalement de nos amies les bêtes.
Une morale qui ne concerne que moi
Homo erectus avait une capacité crânienne d’environ 60 à 80 % de celle d’Homo sapiens (nous) et présentait un front fuyant. Malgré ce handicap, il cherchait à améliorer le sort des siens en faisant fonctionner ses neurones. Je ne dirai donc plus d’un imbécile, par circonlocution et euphémisme poli, qu’il a le front bas !
Pour en savoir plus
Entretien avec le philosophe Etienne Bimbenet pour son ouvrage L'animal que je ne suis plus (9') dans l'émision de François Noudelemann du 2 avril 2012 sur France Culture
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Remerciements
Je remercie chaleureusement Claude et Jean-Pierre Choquet qui m'ont fait connaître le musée d'Argentomagus et ont complété utilement mon iconographie