Ceux de mes lecteurs qui auraient oublié la différence entre mutagénèse et transgénèse seraient bien excusables compte-tenu du temps écoulé depuis mon précédent article.
Petit rappel donc. La mutagénèse et la transgénèse sont deux techniques bien différentes utilisées par les semenciers pour l’amélioration des plantes.
La première est utilisée commercialement depuis plusieurs dizaines d’années et consiste à provoquer des mutations aléatoires par des radiations ionisantes ou des expositions à des substances chimiques mutagènes.
La seconde est utilisée commercialement depuis une quinzaine d’années et consiste à introduire un gène d’intérêt dans une plante d’une autre espèce que celle dans lequel ce gène existe à l’état naturel. Ce sont les produits issus de cette technique que l’on appelle, couramment et réglementairement, OGM.
Le vendredi 29 juillet 2011 des faucheurs volontaires ont appelé à un fauchage symbolique de parcelles plantées de tournesols issus de la mutagénèse, résistant à un herbicide utilisé contre l'ambroisie, à Feyzin, dans le département du Rhône. Une centaine de mètres carrés seulement ont été détruits ce jour là.
Dans la nuit du 27 au 28 août, ce sont cinq mille deux cents m2 de tournesol qui ont été détruits à Saint-Martin d’Août, dans la Drôme, pour un préjudice évalué à 800 €.
Le 27 août une centaine de faucheurs volontaires s'est rendue sur le site de la station Pioneer génétique à Montech (Tarn-et-Garonne).
Hormis des déclarations à la presse contre le tournesol de Pioneer obtenu par mutagénèse, aucune action n’a pu avoir lieu, un cordon de gendarmes ayant été mis en place autour du site, avant l’arrivée des manifestants, pour en assurer la protection.
Jean-Luc Juthier, militant anti-OGM ayant participé au fauchage de Feyzin, déclarait alors au Dauphiné Libéré :
« Le grand public a connaissance du moratoire en matière d’OGM. Cependant, ce moratoire ne porte que sur le maïs Monsanto 810 alors que toute une nouvelle génération d’OGM a fait son apparition sur le marché et envahit désormais les champs. »
Deux mensonges en un : les semences obtenues par mutagénèse ne sont pas une nouvelle génération d’OGM. Ce ne sont pas des OGM et cela fait plus de cinquante ans qu’elles sont sur le marché.
Et encore :
« Il s’agit pourtant d’OGM car issus de mutagénèses. Concrètement, ces semences sont obtenues par manipulation génétique. Ainsi, les OGM deviennent légaux, sans évaluation, ni traçabilité, ni étiquetage pour l’agriculteur ou le consommateur ».
Mensonges : ils ne sont pas obtenus par transgénèse, ce ne sont donc pas des OGM et c’est parce qu’ils ne sont pas obtenus par la même technique que les OGM qu’ils ne sont pas soumis à la même réglementation.
Et puis :
« Les conséquences sont multiples. Un seul exemple : la rigotte de Condrieu. Le cahier des charges de ce fromage AOC exclut tout OGM. Or, le tournesol sous forme de tourteau est donné aux chèvres afin de favoriser la lactation. La plupart des producteurs de rigotte achètent du tournesol (...). Au final, on peut retrouver du tournesol OGM dans des rigottes sans le savoir étant donné que ces OGM échappent à toute traçabilité ! »
Mensonge : si le cahier des charges d’un fromage d’appellation d’origine prévoit d’exclure de l’alimentation des animaux les OGM, il ne peut s’agir que de ce qui relève réglementairement des OGM, donc exclusivement des plantes transgéniques. Les tourteaux de tournesol issu de mutagénèse ne sont pas visés par cette exclusion.
Le journaliste de La Dépêche rapporte ce qu’il a entendu de la bouche d’un manifestant anonyme lors de la manifestation de Montech :
« C'est une vraie saloperie ce truc-là, il est très toxique quoiqu'en dise Pioneer et assez dangereux pour la santé des humains. »
Mensonge : ce tournesol obtenu par mutagénèse est au contraire très bénéfique à la santé humaine. Il est résistant à un herbicide utilisé contre l’ambroisie, plante nuisible, très allergénique, qui envahit petit à petit le territoire français à partir de la région Rhône-Alpes où elle constitue, de par le nombre d’allergies qu’elle provoque, un véritable problème de santé publique.
Les faucheurs volontaires se sont donné pour mission de sauver le monde du dragon des OGM. Il n’y a plus d’OGM cultivés en France. Ils sont donc au chômage et s’inventent de nouveaux dragons, car il est bien connu qu’une fois drogué à une idéologie, il est très difficile de s’en désintoxiquer.
Pour ma part j’ai signé la pétition qu’on trouvera en cliquant ici.