Depuis février 2010 je n’ai plus donné de nouvelles du loup.
Mais j’ai archivé soigneusement les articles que j’ai lus dans la presse régionale, du moins celle que je consulte régulièrement et qui couvre, en gros, l’est de la France.
Dans la page qu’on peut consulter en cliquant ici, j’ai récapitulé les brefs résumés que j’ai pu faire des articles que j’ai retenus.
Je n’ai pas retenu les articles où il est question des tirs autorisés, avec leur cortège de contestations devant les tribunaux, de jugements qui ne se ressemblent pas toujours, de tirs qui ne sont pas effectués, de tirs qui, effectués, ont ou non un résultat, toutes choses qui rendent difficile l’analyse de ces affaires. Je m’y mettrai peut-être un jour, mais rien n’est moins certain, car je pense que l’expansion de la population lupine rendra bientôt inéluctable un changement de politique du loup par les pouvoirs publics.
Les principales conclusions que je tire des articles que j’ai dépouillés
Le loup n’est plus seulement aux portes des villes, il est maintenant en banlieue, sur les tronçons urbains des autoroutes. Cf. le loup écrasé à Echirolles.
Non seulement les loups sont descendus des alpages de haute montagne vers la moyenne montagne, mais ils continuent leur descente vers des zones de toujours plus basse altitude et de moins en moins montagneuses.
Le loup n’hésite plus à se livrer à des attaques de bétail ou de gibier à la porte des bergeries et des habitations, voire au cœur des villages, comme à Entremont en Haute-Savoie ou au quartier du Fontenil, aux portes de Briançon.
Le loup était déjà sorti du massif des Alpes puisqu’il s’était installé dans les Pyrénées et dans le Massif-central. Le loup est en train de s’installer dans le Jura et le Doubs, dans les Vosges, dans le Var et peut-être bientôt dans les Bouches-du-Rhône.
Le loup s’est habitué aux moyens de défense des troupeaux (chiens patous, clôtures électrifiées…) qu’il a appris à contourner.
Comme tous les éthologues et biologistes sérieux et contrairement aux belles légendes dorées auxquelles voudraient faire croire les écologistes, le loup est un animal opportuniste et ubiquiste.
Si une politique de « containment », autrement dit une politique déterminée de régulation globale n’est pas adoptée, il recolonisera l’ensemble du territoire français.
C’est pourquoi les mesures isolées d’autorisation de tir par tel ou tel préfet, pour satisfaire les éleveurs et les bergers d’une zone particulièrement attaquée, ne suffiront bientôt plus.
Je parie sur un changement de politique d’ici à pas très longtemps. Mais comme beaucoup de mesures « impopulaires », il sera plus ou moins camouflé par une rhétorique savamment mise au point. (Vous avez remarqué ? En ce moment on essaye, majorité et opposition confondues, de nous faire passer des augmentations d’impôts pour des économies sur le budget de l’État.)
NB Dans les articles de presse que j’ai résumés on trouvera des effectifs de troupeaux relativement importants, ce que les écologistes critiquent et attribuent à l’agriculture intensive à la française.
Il convient de préciser que les troupeaux ovins français en alpage sont des animaux à viande, et non des brebis laitières, contrairement aux élevages italiens des Apennins, et qu’ils sont souvent le résultat du regroupement de troupeaux de plusieurs éleveurs qui se partagent la location d’estives et le salaire de bergers.
L’élevage pour la viande nécessite toujours, pour en tirer un revenu équivalent, des effectifs plus élevés que l’élevage laitier et l’élevage à viande est plus extensif que l’élevage laitier. Enfin il faut noter que des brebis laitières doivent être traites matin et soir, ce qui, ajouté à des effectifs moindres, facilite grandement leur mise en bergerie la nuit. Ne sous-estimons pas non plus la régulation clandestine exercée par les éleveurs italiens qui braconnent les loups.
Pour en savoir plus :
Jean-Marc-Moriceau, La bête du Gévaudan, Ed. Larousse, coll. L'histoire comme un roman (se lit comme un thriller).
Jean-Marc Moriceau, L'homme contre le loup Une guerre de deux mille ans, Ed. Fayard (un ouvrage très complet sur l'histoire du loup en France du Moyen-âge à nos jours)
Lire aussi :
Des nouvelles du loup (février 2010 - juillet 2011)
Dans la Drôme, le loup est aux portes des villes
Le berger et le loup, le promeneur et le patou