À propos du principe de précaution, commentant mon article précédent, Gattaca a écrit : « Dans son ineptie, ce principe a quand même l'intelligence de préciser qu'il ne consiste pas à ne rien faire et qu'il faut prendre des mesures proportionnées au risque ».
Gattaca a raison et je le remercie de cette observation. D’ailleurs, c’est seulement l’interprétation écolo du principe de précaution qui est inepte. Dans la propagande écolo, à l’instar des expressions toutes faites telles que scientisme, biodiversité, démographie galopante, crise écologique, transition énergétique, ou encore de l’aphorisme Science sans conscience… le fameux principe de précaution est devenu une baguette magique qui évite d’avoir à argumenter rationnellement.
Dans son excellent livre « Arrêtons d’avoir peur », le grand cancérologue Maurice Tubiana consacre quelques pages au principe de précaution.
Il y explique que jusqu’à sa formulation de 2003 dans la charte de l’environnement, à laquelle la Constitution fait désormais référence, ce dont nous sommes redevables à Papy Chirac, le principe de précaution était formulé de façon raisonnable (Loi Barnier 1995, Rapport Kourilsky-Viney de 1998, déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Européenne à leur réunion de Nice en 2000).
Selon cette dernière déclaration, le principe de précaution ne pouvait-être invoqué que si le risque était scientifiquement plausible, les mesures prises face au risque devaient être révisables, proportionnées à sa probabilité et à sa hauteur, et conduire à des recherches scientifiques appropriées.
Dans la procédure de préparation de la charte de l’environnement, un groupe de travail, présidé par Yves Coppens, composé de scientifiques, de juristes et de représentants d’associations, ne put se mettre d’accord sur un texte (les scientifiques et les juristes sont mus d’abord par la raison, les associations par le militantisme). Aussi, deux versions furent-elles proposées à Papy Chirac. Une version inspirée de la déclaration de Nice et une version « dure ».
Les points de divergences entre ces deux versions étaient au nombre de deux :
- devait-on préciser dans une loi les conditions de mise en œuvre du principe de précaution, affirmé solennellement et dans sa généralité dans la Charte.
- devait-on ou non prendre en compte les avantages d’une nouvelle technologie ?
Un groupe de réflexion mis en place conjointement par les Académies des sciences et de médecine, présidé par Maurice Tubiana, avait conclu contre la version dure. Sa position ne fut pas retenue par Papy Jacko. C’est la version dure qui fut proposée au Parlement et finalement votée à Versailles.
C’est l’absence de loi encadrant la mise en œuvre du principe de précaution, absence voulue par le lobby écologiste, qui donne à des magistrats ne disposant d’aucune formation scientifique le pouvoir de se prononcer au cas par cas. Ceci explique notamment l’incohérence des arrêts rendus, auxquels ne sont pas étrangers les prétendus experts, en vérité souvent des militants, auxquels les juges font appel.
Bon, ceci ne concerne que l’aspect juridique du principe de précaution à la sauce écolo-verdâtre. Mais sa version juridique ne fait que garantir la mise en œuvre de ses nocives versions, médiatique et idéologique, ce que j’ai appelé dans mon précédent billet le principe d’immobilisme.
Nain assis sur les épaules d'un géant, à la prière du Professeur Maurice Tubiana « Arrêtons d’avoir peur », moins poli que lui, j’ajouterais, adressé à qui vous pouvez bien imaginer : « Arrêtez de nous faire peur, arrêtez de nous mentir ! »
Pour en savoir plus
Maurice Tubiana, Arrêtons d'avoir peur, Ed. Michel Lafont.
Une video (4' 45 ", 15,7 Mo). Maurice Tubiana nous parle de la science, de la désinformation médiatique, des ingénieurs plus courageux que Pasteur, qui n'en manquait pas, de courage !
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