Le 29 avril 2010 la présidence du Sénat et la présidence de l’Assemblée Nationale ont enregistré un rapport que leur a remis l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, signé par MM. Claude Gatignol, député, et Jean-Claude Étienne, sénateur, intitulé PESTICIDES ET SANTÉ
À tous ceux qui s’intéressent à la question des pesticides, je ne saurais trop en recommander la lecture, longue certes, mais la qualité de sa rédaction en fait un document dans l’ensemble facile à lire.
Ce rapport a été vilipendé par les organisations environnementalistes pour qui le militantisme obtus tient lieu d’intelligence. Les parlementaires chargés de ce rapport ont entendus les meilleurs spécialistes du sujet, scientifiques, fonctionnaires, professionnels.
Ils on rapporté des informations intéressantes sur la façon dont la question est traitée en Californie, État à la pointe du progrès scientifique, technique, réglementaire et administratif en la matière.
Très grossièrement résumé, mais j’y reviendrai de façon plus approfondie à d’autres occasions, les inquiétudes sanitaires soulevées par les pesticides ne concernent pas les consommateurs mais les utilisateurs, c'est-à-dire, le plus souvent, les agriculteurs.
Concernant les utilisateurs, dans le très bref résumé présenté par le site de l’Assemblée nationale, on peut notamment lire :
« Contre toute attente, les analyses biologiques prouvent que le niveau d'exposition aux pesticides ne dépend pas de la quantité de pesticides utilisée ou de la surface traitée mais de la méthode d'application et du niveau de protection des utilisateurs. »
Les parlementaires de l’OPECST ont entendu les Professeurs Maurice Tubiana, André Aurengo et Paolo Boffetta qui ont participé à la rédaction du rapport « Les causes du cancer en France », publié en 2007 par le Centre international de recherche sur le cancer.
Après leur audition ces trois personnalités ont créé un groupe de travail composé de membres de l’Académie nationale de Médecine et de membres de l’Académie d’Agriculture de France et ont remis la contribution de celui-ci, qui n’engage que les membres de ce groupe.
Les parlementaires ont jugé bon de reproduire intégralement (pages 60 à 78 du rapport) cette contribution qui aborde cinq questions, d’ordre sanitaire et agricole.
En effet « Les risques pour la santé des produits phytosanitaires utilisés en France sont souvent très surestimés, alors que leurs avantages sont très sous-estimés. En effet, il est pratiquement impossible de ne pas les utiliser sous peine d’une baisse massive des rendements. »
Aujourd’hui, je vais tâcher de résumer le plus clairement possible la première question, celle de l’impact sanitaire des pesticides.
Concernant la toxicité aiguë, les substances les plus toxiques appartiennent aux familles des organophosphorés et des carbamates, plus rarement des anticoagulants utilisés comme raticides. Ce sont ces produits qui sont à l’origine de la plupart des intoxications professionnelles en France.
Les enquêtes de la Mutualité sociale agricole (MSA) révèlent que 20 % des applicateurs ont été victimes un jour ou l’autre de troubles imputés aux pesticides. Le bilan établi par la MSA pour l’année 2004 comptabilise 195 cas d’intoxication dus aux insecticides, aux fongicides et aux herbicides. En tout, 22 % avaient dû être hospitalisés.
Les centres anti-poison relèvent 5000 à 10 000 alertes par an concernant les pesticides.
La toxicité aiguë résultant d’une mauvaise utilisation ou d’un usage accidentel des pesticides ne concerne donc qu’un contingent faible des maladies professionnelles et des accidents domestiques.
Les effets tardifs, résultant notamment de la toxicité chronique, sont plus difficiles à cerner. En dehors des effets cancérogènes, trois types d’effets sont l’objet d’attention particulière : les troubles neurologiques, les troubles de la reproduction et du développement, les perturbations endocriniennes.
La neurotoxicité est le mécanisme d’action toxique majeur de beaucoup d’insecticides organophosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes, et historiquement des organochlorés. Ces effets aigus n’ont été observés chez l’homme qu’après des intoxications massives (suicides notamment).
Des effets toxiques sur la spermatogenèse ont été observés chez les professionnels appliquant différents produits actuellement interdits d’usage.
Des effets perturbateurs endocriniens pourraient théoriquement être à l’origine de pathologies tumorales, de la reproduction ou du système immunitaire. Bien que cette hypothèse soit biologiquement plausible, aucune preuve n’existe actuellement que certains pesticides présents dans l’environnement puissent être à l’origine de ces pathologies chez l’homme.
L’étude des effets cancérogènes des pesticides fait l’objet d’une abondante littérature scientifique et de nombreux rapports.
Très peu de pesticides actuellement utilisés sont cancérogènes chez l’animal ; à part l’arsenic, aucun n’a fait la preuve de sa cancérogénicité chez l’homme, même après exposition massive.
Les données disponibles ne mettent en évidence aucun pesticide pour lequel une relation de cause à effet serait établie selon les critères habituellement utilisés : forte relation dose-effet, absence démontrée de facteurs de confusion ou de biais, résultats concordants dans plusieurs études.
Aux États-Unis on observe globalement un déficit du nombre de cancers d’environ 10 % chez les agriculteurs et leurs conjoints comparés à la population générale.
Cette sous-incidence concerne des cancers liés au tabac (poumons, œsophage, vessie) mais également les cancers du foie, du colon et des reins.
On observe une sur-incidence des cancers cutanés et des lèvres (exposition au soleil), de l’estomac, du cerveau, de la prostate, des lymphomes, des myélomes multiples et de certaines leucémies.
Ces variations sont probablement multifactorielles, avec un rôle possible de virus provenant de contacts avec les animaux, la sur-incidence des lymphomes étant également retrouvée chez les personnels des abattoirs et les bouchers. On espère que des études en cours, notamment en France, apporteront un éclairage sur ces questions.
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ME51 03/06/2010 13:15
MG 31/05/2010 22:22
Laurent Berthod 31/05/2010 22:46
MG 31/05/2010 10:22
Laurent Berthod 31/05/2010 20:44
MON810 31/05/2010 00:48
MG 29/05/2010 22:56
Laurent Berthod 29/05/2010 23:24