On lit un peu partout, sur des sites d’information générale, sur des sites visant plus spécialement l’information des consommateurs, ou encore sur des sites environnementalistes, que la France est en Europe le pays qui utilise la plus grande quantité de pesticides. On dit qu'elle est le premier utilisateur de pesticides.
C’est le genre de chiffre destiné à faire peur et à laisser entendre que, puisque les autres en utilisent moins que nous, on devrait être capable d’en faire autant.
C’est oublier que la France est le premier producteur agricole européen et celui dont la surface agricole est la plus étendue.
Si l’on rapporte la quantité de pesticides utilisée à l'hectare de terre arable, la France n’occupe plus que la quatrième place dans l’Union européenne.
Ah ! Là, un volume à l’hectare, c’est un chiffre qui veut dire quelque chose et qui est utile au discours des anti-écolos comme moi. Que nenni, ma foi !
La consommation de pesticides dépend également de la nature des cultures : les cultures maraîchères, fruitières, horticoles et viticoles, couramment regroupées sous le terme de « cultures spéciales », sont nettement plus dépendantes des pesticides chimiques que les grandes cultures telles que les céréales à paille, le maïs, le colza…
Les pays de l'Union européenne les plus consommateurs de substances actives à l’hectare de surface cultivée sont les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie, pays très orientés vers l'horticulture et le maraîchage et, pour l'Italie, également vers l'arboriculture et la viticulture.
En outre, le volume de substances actives épandu dépend de la nature des substances utilisées.
C’est ainsi qu’en France la vigne, qui représente très peu en surface, participe pour 20 % à la consommation nationale de produits phytosanitaires. La raison essentielle en est l’usage très important de soufre et de cuivre qui sont deux matières actives utilisées à des doses par hectare élevées dans la lutte contre des maladies qui s’attaquent plus spécifiquement à la vigne.
Enfin, la vulnérabilité aux ennemis des cultures, et donc l'utilisation de pesticides, est très liée au climat, la chaleur et l’humidité leur étant généralement favorables. En Europe les pays du nord sont froids et ceux du sud sont secs !
Voilà, voilà, voilà… Juste pour dire que les chiffres peuvent être aussi trompeurs qu’une bonne vieille figure de rhétorique savamment concoctée !
Pour en savoir plus
Rapport parlementaire "Pesticides et santé", pages 13 à 17
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Sceptique 13/06/2010 22:18
L'écureuil 13/06/2010 15:59
Laurent Berthod 13/06/2010 20:32
iris 13/06/2010 10:48
Laurent Berthod 13/06/2010 13:28
cdc 12/06/2010 18:31
Laurent Berthod 12/06/2010 20:23
Sceptique 12/06/2010 06:37