Le titre du présent article m’est venu de la lecture du livre de Benoît Rittaud intitulé Le Mythe climatique. Page 189, on peut y lire :
« Le réchauffement, c’est le refroidissement. En anglais, cela donne Global warming can cause global cooling (un réchauffement global peut causer un refroidissement global), qui est le titre d'un entrefilet de Jeff Poling en 1999, résumant un article paru dans la revue Nature en juillet de la même année (…). Nulle trace d'ironie dans cet article qui explique en substance qu'un réchauffement global ferait fondre la glace de la banquise et provoquerait l'arrêt du Gulf Stream qui réchauffe les côtes de l'Europe de l'Ouest, abaissant brutalement et durablement la température de cette partie du monde. (Notons que, malgré encore quelques annonces sporadiques, plus personne ne craint pour de bon la réalisation d'un tel scénario à l'échelle des prochains siècles.) »
J’en ai conclu que si le réchauffement global avait le pouvoir de refroidir une bonne partie de l’hémisphère nord, il pouvait aussi bien refroidir la petite vallée du Rhône.
Le contenu du présent article, quant à lui, se veut une réponse, que je sais très imparfaite, à la critique formulée par un commentateur à l’article Mon village à l'heure du réchauffement climatique. A propos de cet article, qui se voulait surtout humoristique, ce commentateur me reprochait d’utiliser une démarche non quantitative et basée seulement sur des impressions subjectives, lorsque j’affirmais que depuis 2007 les hivers sont de plus en plus froids dans le Haut-Vaucluse, et de n' apporter à l’appui de ma thèse ni chiffres ni moyennes.
Je ne dispose pas de thermomètre enregistreur dans ma maison de campagne, ni même de thermomètre à minima et maxima. Mais, s’agissant du village de Richerenches et de ses environs, dans le Haut-Vaucluse, dans la Drôme méridionale et dans la vallée du Rhône, je possède des photos, répertoriées et datées.
L’épisode neigeux très important de ce dimanche 7 mars 2010 m’a donné l’idée de faire une petite rétrospective.
On pourra ainsi observer à des moments semblables de l'année la floraison des arbres fruitiers et l’enneigement sur les sommets et en plaine.
19 février 2008 - Montségur-sur-Lauzon, amandiers en fleurs.
4° 51′ 37″ Est
Altitude : 112 m
11 Février 2010 – Richerenches, vignes sous la neige
44° 21′ 37″ Nord
4° 54′ 47″ Est
Altitude : 152 mètres
14 Février 2010 – Marsanne sous la neige
44° 38′ 40″ Nord
4° 52′ 25″ Est
Altitude : 140 mètres
8 mars 2008 – Nyons, mimosa en fleurs
44° 21′ 37″ Nord
5° 08′ 23″ Est
Altitude : 234 mètres
14 mars 2008 – Valréas, pêchers en fleurs
44° 23′ 06″ Nord
4° 59′ 28″ Est
Altitude : 158 mètres
13 mars 2009 – Valréas, abricotiers en fleurs
7 mars 2010 – Richerenches sous la tempête de neige
7 mars 2010 – Autoroute A7, aire de repos de la Bouterne – Arbres fruitiers en fleurs (de neige) !
Près de Mercurol
45° 04′ 37″ Nord
4° 53′ 30″ Est
Altitude : 110 mètres
13 mars 2009 – Au fond, derrière les abricotiers, la montagne de la Lance, presque entièrement "déneigée".
44° 27′ 27″ Nord
5° 06′ 03″ Est
Altitude : 1338 mètres
6 mars 2010 – La montagne de la Lance. Avec l’épisode neigeux de ce dimanche et la météo de la semaine, il n’y aura pas photo entre les couvertures neigeuses de la montagne de la Lance le 13 mars 2010 et le 13 mars 2009.
4 mai 2008 – Le Ventoux
44° 10′ 28″ Nord
5° 16′ 44″ Est
Altitude : 1912 mètres
2 mai 2009 – Le Ventoux
16 mai 2009 – Le Ventoux, dernière neige de l’année.
Personnellement, je pense que le refroidissement des hivers dans le Haut-Vaucluse depuis 2007 est bien réel. J’ai trouvé sur un forum, sans avoir pu recouper l’information, qu’un tel refroidissement était constaté en Grande-Bretagne. Les derniers hivers ont été aussi très froids en Asie centrale. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce refroidissement apparent de l’Europe et de l’Asie : l’oscillation nord atlantique ou le cycle solaire de faible activité dans lequel nous sommes entrés.
Compte tenu de la périodicité et de la durée de ces deux phénomènes cycliques, si l’une ou l’autre de ces explications est exacte, alors nous avons encore quelques hivers désagréables à passer. Vive le réchauffement climatique ! Je peux vous garantir que c’est en tout cas ce que pensent tous les forains frigorifiés sur leurs marchés !
C’est tout pour aujourd’hui !
Bibliographie
Le mythe climatique, Benoît Rittaud, Éd. du Seuil, coll. Science ouverte
Je recommande chaudement cet ouvrage écrit par un mathématicien, maître de conférences à l’université Paris-XIII. Il met en perspective, d’un point de vue méthodologique et épistémologique, la thèse du réchauffement climatique d’origine anthropique, de façon claire et accessible à un vaste public. On y trouve en outre des considérations passionnantes sur des sujets comme le rasoir d’Occam, le pari de Pascal ou encore sur le bon et le mauvais usage des statistiques.
Les partisans de la thèse du réchauffement climatique anthropique, qu’il dénomme carbocentristes, qui lui opposeraient qu’il n’est pas climatologue, le verraient leur apporter la réponse suivante, que je partage totalement, surtout après la lecture de son livre :
En l'espèce, puisque les carbocentristes affirment l'existence d'un consensus parmi les scientifiques, ils doivent être à même d'emporter l'adhésion non seulement du grand public ou des décideurs, mais également des spécialistes des disciplines connexes. « La science est une et indivisible », et les mathématiques en font partie. Loin d'éloigner du débat sur le carbocentrisme, elles en constituent un point d'appui essentiel. Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant car, pour ce qui est des prévisions météorologiques ou climatiques, les mathématiciens sont chez eux depuis l'Antiquité. Dès la Grèce ancienne, en effet, c'est l'astronomie mathématique qui permet de décrire avec précision des phénomènes comme le retour des saisons. Le plus grand traité antique de description du ciel, celui de Ptolémée, porte le titre de Grande Syntaxe mathématique. Plus près de nous, au milieu du xxe siècle, c'est bien à un mathématicien, Milutin Milankovitch, que nous devons la théorie aujourd'hui la mieux à même de décrire le retour des périodes glaciaires. Plus près de nous encore, les origines de la « théorie du chaos » ont mêlé les modèles climatiques d'Edward Lorenz aux mathématiques d'Henri Poincaré, de Steven Smale et d'autres. Et l'on se doit enfin, bien sûr, d'évoquer les nombreux outils statistiques utilisés en permanence par les climatologues pour l'analyse de leurs données.