En France, on a du mal à imaginer la violence de la guerre idéologique livrée depuis presque cinquante ans autour d’un produit, le DDT.
Le champ de bataille est situé pour l’essentiel aux États-Unis et les victimes, surtout des enfants, dans le tiers-monde.
Avant la découverte du DDT au début des années 40, plus de trois millions d'hommes mouraient chaque année du paludisme.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale le DDT a permis d’épargner des millions de vies humaines.
En Corse, après la dernière guerre l’armée américaine éradique le paludisme de la plaine orientale grâce à l'épandage de DDT.
En Grèce, autre exemple, un programme commencé en 1946 fit tomber en trois ans le nombre de cas de deux millions à environ cinquante mille.
En 1960, un milliard et demi de personnes vivaient dans des zones anciennement impaludées dont le DDT avait éradiqué le fléau. En 1969, l'éradication était chose faite dans trente-six des cent quarante-six pays insalubres. Dans cinquante trois d'entre eux, le programme d'éradication était en pleine expansion, et vingt-sept autres pays se mettaient à la tâche.
En 1962, la romancière américaine Rachel Carson publie le livre intitulé Silent Spring (Printemps silencieux), dans lequel elle accuse à tort le DDT d'être nuisible pour les hommes, les animaux et l'environnement. Les campagnes que lancèrent alors les mouvements écologistes aboutirent à l’interdiction du DDT aux États-Unis et à des prohibitions en cascade. Le bilan de cette interdiction se calcule en millions de morts.
En 1967, l'OMS modifiait ses objectifs : il n'était plus question d'« éradication », mais « de contrôle de la maladie, là où c'était possible ». Quelque 63 pays, qui avaient engagé d'énormes dépenses, abandonnèrent la lutte.
Pourtant en 1969 le directeur de l’OMS déclarait encore : « Le produit est tellement sûr que nous n'avons jamais rencontré de syndrome d'empoisonnement chez nos 130 000 épandeurs, ou parmi les 535 millions d'habitants des maisons traitées. Aucune toxicité ne s’est manifestée dans la population animale sauvage des pays participant à la lutte antipaludéenne.
L'OMS n'a aucune raison d'abandonner ce produit qui a sauvé des millions de vies humaines, et si on cessait de le fabriquer il y aurait des milliers de morts et des millions de malades. Il a été utile pour au moins 2 milliards de gens sans coûter une seule vie humaine par intoxication. L'arrêt de l'usage du DDT serait un désastre pour la santé mondiale ».
En 1970, l'Académie des Sciences américaine a fait cette déclaration officielle : « L'homme n'a jamais contracté une dette aussi énorme envers un produit chimique que celle qu'il doit au DDT. On estime que le DDT a sauvé 500 millions de vies humaines en un peu plus de deux décennies, vies que la malaria aurait emportées, et d'une manière inévitable ».
En dépit des preuves scientifiques de l'innocuité du DDT sur les humains, l'Agence pour la protection de l'environnement américaine interdit le DDT en 1972.
Après la suppression du DDT aux États-Unis, les organisations activistes ont mené campagne pour en interdire l'exportation.
Cette campagne finit par aboutir en 1986 à ce que l’administration Reagan suspende l’aide financière des États-Unis aux programmes de lutte contre la paludisme à tous les pays qui faisaient usage d'insecticides interdits par le gouvernement américain, dont le DDT. Les pays incapables de mettre en œuvre leurs programmes sans l'aide financière des États-Unis furent empêchés de les réaliser.
Au début des années 2000, des pays comme l’Afrique du Sud et l’Ouganda passent outre à la réprobation de l’OMS et aux pressions américaines et relancent des programmes de lutte contre le paludisme utilisant le DDT.
En juin 2005 le président George W. Bush met un terme à la politique restrictive de son pays en lançant la President Malaria Initiative.
Le 15 septembre 2006, l'Organisation mondiale de la santé annonce que le DDT allait à nouveau jouer un rôle important dans son combat contre la malaria et recommande désormais activement la pulvérisation de cet insecticide à l'intérieur des habitations.
Bien qu’aujourd’hui le DDT ne soit plus, comme après guerre, épandu en plein air mais sur les murs intérieurs des habitations, il fait toujours l’objet d’une contestation virulente de la part d’organisations écologistes comme le Pesticide Action Network.
Mais le président Barack Obama maintient le cap fixé par son prédécesseur.
En comptant que les restrictions à l’utilisation du DDT pendant vingt ans ont conduit à une moyenne de deux millions de morts annuelles qui auraient pu être évitées et ne l’ont pas été, on voit que Rachel Carson et les écologistes qui ont mené les campagnes contre le DDT ont plus de victimes sur la conscience que bien des criminels contre l’humanité.
Pour en savoir plus
L'interdiction du DDT a tué des millions d'hommes, J. Gordon Edwards, décembre 1993 : version intégrale ou larges extraits
Désinformation, paludisme et DDT, Jean Brissonnet, décembre 2003,
L’OMS préconise la pulvérisation de DDT à l’intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme, Jean Brissonnet, août 2009
DDT, paludisme et journée mondiale de la terre, Gil Rivière-Wekstein, juin 2010
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